Engagés pour nos cultures – la filière blé
Le blé, culture clef de la souveraineté alimentaire française
La France, un des greniers de l’Europe
Les chiffres clefs :
Du semis à la récolte le long parcours agromique du blé
Changement climatique, évolution de la réglementation environnementale, suppression de solutions phytopharmaceutiques, pression croissante de nouveaux ravageurs … La culture du blé en France doit sans cesse s’adapter afin de préserver tout son potentiel de productivité. Depuis quelques années, les agriculteurs déploient peu à peu une approche combinatoire, associant des technologies complémentaires de protection des cultures. Objectif : mieux protéger les cultures tout en limitant l’usage des intrants conventionnels au strict nécessaire.
Parmi les enjeux de la culture du blé :
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Assurer des récoltes de qualité, en quantité suffisante :
La jaunisse du blé est un virus véhiculé par des pucerons (Rhopalosiphum padi) porteurs du virus, et dont la présence est favorisée par le réchauffement climatique (températures douces en automne et au début de l’hiver). Ce virus induit une mauvaise nutrition des épis, conduisant à une chute des rendements et de la qualité des grains. Les pertes peuvent atteindre 5 à 10 q/ha en blé.
- Par suite de l’interdiction des néonicotinoïdes, il n’existe plus de traitements de semences permettant d’éliminer tout risque de jaunisse pour l’ensemble de la plante tout au long de son cycle de vie.
- Alternative mise en place : les insecticides de la famille des pyréthrinoïdes mais dont l’efficacité est variable selon les conditions d’application et les conditions climatiques.
Les mosaiques, virus transmis aux céréales à paille par un micro-organisme du sol de la famille des plasmodiophorales. Ces virus infectent particulièrement le blé dur. La totalité de la parcelle peut être atteinte.
- Il n’existe aucun moyen de lutte efficace à ce jour.
- Seule solution envisageable à ce jour : des variétés résistantes qui pourraient être obtenues rapidement grâce au développement des NBT.
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Répondre à des exigences sanitaires draconiennes :
Les « anciens » gardent en souvenir l’affaire du « pain maudit » survenue à Pont-Saint-Esprit en 1951. De nombreux habitants de cette commune du Gard avaient été contaminés par des toxines (alcaloïdes) contenues dans du pain, lui-même contaminé par de l’ergot de seigle. Un épisode resté dans les mémoires et qui rappelle l’importance de la qualité sanitaire irréprochable de nos céréales.
Les adventices peuvent être un véritable foyer de propagation de champignons toxiques comme l’ergot du blé :
- L’efficacité des herbicides a tendance à être moindre du fait de la réduction du panel de solutions disponibles.
- Les zones de non-traitement (ZNT) qui impliquent l’absence de traitement phytopharmaceutique sur une distance définie par culture et par produit, peuvent favoriser l’apparition de ces adventices et le maintien dans le temps de foyers d’adventices.
Les fusarioses attaquent l’épi et produisent des mycotoxines dans les grains et plus particulièrement le déoxynivalénol (DON), responsable de troubles sévères chez l’Homme (fortes diarrhées, vomissements). Elles sont favorisées par un climat humide.
- L’impact de la maladie est à la fois quantitatif et qualitatif. Les pertes de rendements peuvent dépasser 20 q/ha.
- En 2023, le règlement européen 2023/915 a fixé de nouvelles teneurs maximales en déoxynivalenol pour les céréales brutes : 1250 µg/kg pour le blé tendre et à 1750 µg/kg pour le blé dur. Elles ont été réhaussées par rapport à l’ancien règlement 1881/2006 (1000 µg/kg pour le blé tendre et 1500 µg/kg pour le blé dur).
L’approche combinatoire, un allié de taille pour la pérennité de la culture du blé
Agronomie digitale, bioprotection… les céréaliers adoptent depuis quelques années de nouveaux outils complémentaires pour répondre aux enjeux de productivité, de qualité sanitaire et de limitation de l’usage des intrants.
La robotique : la pulvérisation localisée permet d’appliquer des herbicides avec précision, uniquement aux endroits où la présence d’adventices est constatée. Selon Rémi, cultivateur beauceron, « si seulement 15 % de la surface d’une parcelle présentent des adventices sur un sol sans culture avant le semis, cela permet de faire une économie de 85 % d’herbicide. »
L’imagerie (capteurs embarqués, drones, satellites) permet de suivre le potentiel d’une culture de blé, et d’adapter les applications de fertilisants. Ces outils sont essentiels aujourd’hui face aux aléas induits par le changement climatique.
La modélisation (ex. : modèles météo) permet aujourd’hui de prévoir les stades de développement d’une culture de blé, les potentielles maladies, l’apparition d’insectes, les risque de verses, les besoins en irrigation. Objectif : adapter au plus près les différentes solutions agronomiques en fonction du potentiel de chaque zone de culture.
Des solutions alternatives et/ou complémentaires aux produits phytopharmaceutiques comme le développement de nouvelles variétés. En effet, la création rapide de nouvelles variétés adaptées aux aléas climatiques, aux nouveaux ravageurs (insectes, maladies, virus), au manque d’eau, est un impératif pour tous les producteurs de céréales.
Aujourd’hui, chaque producteur céréalier a bien conscience du caractère stratégique de son activité pour la souveraineté alimentaire française. Il est donc hors de question de se retrouver dans des impasses alors même que les contraintes réglementaires, climatiques, sanitaires sont de plus en plus fortes. L’approche combinatoire, associant phytopharmacie, agronomie digitale, bioprotection, etc., permet de répondre à cet enjeu majeur. Rémi, cultivateur beauceron.
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