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Phyteis

Engagés pour nos cultures – la filière betterave

Premier pays producteur européen de sucre de betterave, la France dispose d’une filière d’excellence. Pourtant, en dix ans, cinq sucreries ont déjà fermé sur les vingt-cinq du pays.

Face à la volatilité des prix induite par la fin des quotas sucriers (2017) et au traité de libre-échange avec le MERCOSUR qui crée une concurrence avec le sucre de canne sud-américain, l’avenir de la filière devient incertain.

La betterave, victime des maladies et des ravageurs

Plutôt résistante à la sécheresse et à l’excès d’eau, la betterave se trouve cependant menacée par le dérèglement climatique en raison de la pression accrue des maladies et des ravageurs qu’il provoque.

En premier lieu, la betterave est touchée par la cercosporiose, maladie fongique foliaire estivale, le charançon de la betterave et la jaunisse, transmise par les pucerons.

D’une part, causée par le champignon Cercospora beticola, la cercosporiose provoque l’apparition de taches grisâtres entourées de rouge sur les feuilles. Elles finissent par se dessécher puis par tomber.

La perte de feuillage entraîne alors la formation de nouvelles feuilles, ce qui mobilise les ressources de la plante et entraine des baisses du taux de sucre. Aussi, les attaques sévères de cercosporiose peuvent réduire le poids des racines de betterave jusqu’à 30 %.

Aujourd’hui, la lutte repose sur une approche combinatoire : l’allongement des rotations, l’enfouissement profond des résidus de récolte, l’implantation de variétés tolérantes et l’application de traitements fongicides en végétation lorsque les seuils IPM (Intensité de Pression Maladie) sont atteints.

D’autre part, la betterave souffre aussi des attaques du charançon dont les larves creusent des galeries dans les racines des betteraves. Ces galeries sont les portes d’entrée pour des micro-organismes, dont les champignons, qui provoquent des pertes de rendement.

La protection partielle des solutions phytopharmaceutiques appelle une approche combinatoire
Face à la jaunisse, la betterave désormais impuissante

Virus transmis par les pucerons, la jaunisse s’attaque à la betterave et entraîne une réduction significative des rendements et de la qualité des récoltes. Ces pertes atteignent en moyenne 25 % pour les producteurs.

En effet, le virus provoque la décoloration des feuilles, empêche la photosynthèse et diminue alors la taille du pivot des betteraves contaminées.

Jusqu’en 2018, les populations de pucerons étaient contrôlées à l’aide d’insecticides de la famille des néonicotinoïdes, en enrobage de semences. Or, en 2020, faute d’alternative, la filière betteravière a souffert d’une infestation de grande ampleur.

En remplacement des néonicotinoïdes désormais interdits, les solutions phytopharmaceutiques alternatives en traitement foliaire n’ont qu’une efficacité partielle : elles présentent une rémanence plus faible, ce qui nécessite un nombre de traitements plus important.

La recherche de solutions combinatoires durables

D’abord, afin de répondre à la grave crise de la jaunisse de la betterave, les pouvoirs publics ont lancé un Plan National de Recherche et Innovation (PNRI). Financé à hauteur de 7,2 millions d’euros, il vise à sélectionner et déployer des projets de recherche d’alternatives aux néonicotinoïdes.

Pour l’instant, ces projets n’ont pas abouti à des solutions aussi efficaces que les néonicotinoïdes dans le temps imparti, c’est-à-dire pour les semis 2024. En 2023, le gouvernement a décidé de poursuivre les recherches avec un PNRI-C (Plan National de Recherche et Innovation Consolidé) pour 3 années supplémentaires (2024-2026).

L’objectif déclaré est de « consolider les connaissances acquises sur la période 2020-2023 et de réaliser de nouvelles recherches pour finaliser l’opérationnalisation des solutions à proposer aux planteurs pour protéger les cultures de betteraves contre les jaunisses virales ». (Source : ITB).

Ensuite, pour lutter contre le charançon, l’Institut technique de la betterave (ITB) a lancé un nouvel outil, Alerte Charançons. Il permet de visualiser en temps réel la présence du charançon, de manière interactive à l’échelle du territoire. D’autres pistes sont également testées : biocontrôle, solutions répulsives, expérimentation de l’efficacité des plantes de service et de la sensibilité des variétés commercialisées.

Enfin, en 2024, pour anticiper la pression de la cercosporiose, l’ITB a mené avec une trentaine de producteurs le test d’un Outil d’Aide à la Décision (OAD) permettant de suivre précisément le développement de la maladie.

Conçu pour prévoir l’évolution de la surface foliaire touchée par la maladie, son objectif est double : d’une part, renouveler la protection fongicide uniquement lorsque cela est utile et d’autre part, estimer en fin de campagne le potentiel de pertes selon la tolérance variétale. Les premiers retours d’expérience de cet OAD sont encourageants.

« La production de betterave revêt une importance stratégique pour l’agriculture et l’industrie agroalimentaire. Elle joue un rôle crucial dans plusieurs domaines (production de sucre, bioénergie, diversification des cultures, …) mais doit faire face à des problématiques qui nécessitent des solutions innovantes et une bonne gestion pour assurer sa viabilité à long terme. L’Institut technique de la betterave contribue notamment à la recherche sur la génétique, une solution sur le long terme. Car aujourd’hui, seule une approche combinatoire, associant les nouvelles techniques génomiques, des outils d’aide à la décision, des mesures prophylactiques et curatives, permettra de protéger les cultures de betterave ».  Fabienne Maupas, Responsable du département technique et scientifique de l’ITB.

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