Engagés pour nos cultures – la filière Banane
L’avenir de la banane française suspendu à des décision politiques
La Guadeloupe et la Martinique, principaux territoires producteurs
Les chiffres clefs :
Une production de banane mise à mal par plusieurs facteurs
La Banane de Guadeloupe et de Martinique doit faire face à plusieurs problématiques : pression sanitaire, concurrence déloyale, pertes de volumes, évènements climatiques, manque de main d’œuvre, etc.
La production bananière a été impactée par des événements météorologiques : tempête Fiona en Guadeloupe en septembre 2022 qui a entraîné des répercussions à long terme, tempête Bret en juin 2023 en Martinique.
Si les bonnes pratiques agro-environnementales adoptées depuis quelques années restent le socle des méthodes de production, le coût de ces mesures reste conséquent.
Par exemple, la gestion de l’enherbement est mécanique. Il faut donc investir dans le matériel adéquat et surtout rémunérer la main d’oeuvre. Ce travail est difficile, les terrains étant souvent accidentés. Il faut en outre intervenir toutes les 3-4 semaines. L’UGPBAN estime ainsi le coût d’une gestion mécanique de l’enherbement à plus de 4 000 €/ha, là où une gestion chimique coûte 1 000 €/ha.
Les producteurs sont aussi confrontés aux maladies et ravageurs de la banane (3) :
La cercosporiose noire, ou maladie des raies noires du bananier, est causée par le champignon Mycosphaerella fijiensis. La principale source de contamination d’un bananier sain est un autre bananier déjà atteint par la maladie. Les spores responsables de la cercosporiose (Mycosphaerella sp.) se propagent à la fois sur de courtes distances – entre plants voisins – et sur de longues distances – d’une parcelle à l’autre – grâce à l’action du vent et de la pluie. Les pertes liées à cette maladie peuvent atteindre jusqu’à 50 % de la récolte, (source : données Ephytia).
La lutte contre la cercosporiose noire est rendue obligatoire par arrêté préfectoral. Jusqu’en 2014, en Martinique, la gestion de cette maladie était par voie aérienne de manière collective, permettant ainsi à tous les producteurs de bénéficier d’un traitement uniforme. Cependant, depuis 2014(4), cette approche collective a été interdite, contraignant chaque producteur à gérer individuellement et de manière différenciée la maladie. Cette gestion individuelle, bien qu’elle fasse appel à des méthodes de lutte en mode combinatoire (mesures prophylactiques, protection phytopharmaceutique dont le soufre, etc.), ne permet pas de maintenir la maladie à un niveau satisfaisant. De plus, elle nécessite une main-d’œuvre plus importante.
La maladie de Panama Race Tropicale 4 (FOC TR4) est provoquée par le champignon Fusarium oxysporum sp. Cubense présent dans le sol. Elle est principalement disséminée par la terre, les eaux d’écoulement et le matériel végétal contaminé. Elle provoque la mort de la plantation entière et touche l’ensemble des variétés de bananes.
À ce jour, la FOC TR4 n’est pas présente sur le sol martiniquais. Toutefois, si une contamination des bananeraies survenait, elle conduirait à l’arrêt total de la production sur les surfaces touchées, car aucun moyen de lutte n’est disponible. Il faudrait alors attendre trente années sans culture de bananes pour assainir ces sols.
La recherche variétale constitue le seul levier pour prévenir ce risque.
Le charançon noir du bananier (Cosmopolites sordidus), insecte de l’ordre des coléoptères, est un ravageur majeur des cultures de bananes desserts et plantains. Les charançons adultes sont assez mobiles et se maintiennent dans les déchets de culture. Après éclosion des œufs, leurs larves pénètrent dans le bulbe du bananier en y creusant des galeries. Les pertes de rendement atteignent 30% lorsque 25% des bulbes sont infectés sur une parcelle, (source : bulletin de santé du Végétal).
Aujourd’hui, la filière assure une gestion efficace de la population des charançons à l’aide de pièges à phéromones et sans produits phytopharmaceutiques.
Le déploiement de solutions combinatoires dépend directement de décisions politiques
La filière banane française continue ses efforts pour déployer des mesures agroenvironnementales mais demande le soutien des pouvoirs publics sur certains dossiers.
L’UGPBAN demande l’autorisation de l’usage des drones pour traiter localement la cercosporiose noire. Cette technique d’application permettrait de supprimer les interventions depuis le sol et donc le risque pour les opérateurs. Le drone permettrait également une baisse de 30 % de l’usage des produits phytopharmaceutiques tout en assurant une traçabilité complète des traitements avec un enregistrement des données en temps réel (source : article Réussir).
Pour lutter contre la cercosporiose noire et la FOC TR4, l’UGPBAN espère une mise à disposition de nouveaux plants, tolérants voire résistants, d’ici 2027, si le nouveau règlement européen sur les nouvelles techniques génomiques (NGT) est adopté rapidement. Objectif : « replanter l’intégralité de la sole bananière en 4 ans, pour un retour à nos volumes de 250 000 tonnes à horizon 2030 ! ».
« Notre filière regroupe de nombreux petits producteurs qui, aujourd’hui, ne disposent plus des moyens nécessaires pour faire face aux attaques croissantes de maladies et de ravageurs. La mise en œuvre de solutions collectives, telles que des traitements coordonnés contre la cercosporiose noire ou l’introduction de variétés résistantes et tolérantes, est devenue impérative. » Jean BAFOIN, Directeur Production et Qualité de Banamart
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