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Phyteis

Engagés pour nos cultures – la filière Banane

Exposée aux évènements météorologiques, la filière de la banane française se heurte également à la pression sanitaire, à la concurrence déloyale, au manque de main d’œuvre ou encore à la perte de volumes. Si les bonnes pratiques agro-environnementales se développent, leur coût pèse sur les équilibres de la filière.

Concentrée en Guadeloupe et en Martinique, la production française de banane affronte ces différents facteurs déstabilisateurs en adaptant ses pratiques agro-environnementales.

Affaiblie par les évènements météorologiques extrêmes des dernières années, notamment les tempêtes Fiona (2022) et Bret (2023), la filière se transforme malgré des surcoûts conséquents.

Par exemple, la gestion mécanique de l’enherbement requiert de forts investissements. Travail difficile sur des terrains souvent accidentés, il doit se réaliser toutes les 3 ou 4 semaines. Aussi, l’UGPBAN estime le coût d’une gestion mécanique à plus de 4 000 €/ha, contre 1 000 €/ha pour une gestion chimique.

Entre maladies et ravageurs, la banane française en souffrance
La cercosporiose noire, dite la maladie des raies noires du bananier

En premier lieu, la banane affronte la cercosporiose noire, causée par le champignon Mycosphaerella fijiensis et transmise entre bananiers par spores. Ces spores se propagent à la fois sur de courtes distances, entre plants voisins, et sur de longues distances, d’une parcelle à l’autre, à cause du vent et de la pluie.

Susceptible de causer jusqu’à 50% de perte lors de la récolte, la cercosporiose noire fait l’objet d’une obligation de traitement par arrêté préfectoral. Jusqu’en 2014, une intervention par voie aérienne permettait un traitement uniforme de tous les producteurs.

Toutefois, depuis 2024, cette approche collective est interdite, contraignant chaque producteur à une gestion individuelle de la maladie. Bien que fondée sur l’approche combinatoire, ce traitement différencié présente un niveau de protection moindre et requiert des besoins supplémentaires de main d’œuvre.

La maladie de Panama Race Tropicale 4, un danger mortel pour la banane

Provoquée par le champignon Fusarium oxysporum sp. Cubense, la maladie de Panama Race Tropicale 4 (FOC TR4) est principalement disséminée par la terre, les eaux d’écoulement et le matériel végétal contaminé.

Fatale pour toutes les variétés de bananes, elle provoque la mort de la plantation entière et l’assainissement du sol exige trente années. Pour l’instant absente du sol martiniquais, son arrivée provoquerait l’arrêt total de toute production puisqu’aucune solution de lutte n’est disponible. Seule recherche variétale pourrait permettre de prévenir ce risque.

Un insecte redoutable : le charançon noir du bananier

Coléoptère ravageur des bananes desserts et plantains, le charançon noir du bananier (Cosmopolites sordidus) se maintient dans les déchets de culture et se montre mobile.

Après éclosion des œufs, les larves pénètrent dans le bulbe du bananier par galeries. Les pertes de rendement atteignent 30% lorsque l’infection atteint 25% des bulbes de la parcelle.

Aujourd’hui, la filière assure une gestion efficace de la population des charançons sans produit phytopharmaceutique grâce à des pièges à phéromones.

Le déploiement de solutions combinatoires suspendu à l’évolution du cadre juridique

Aujourd’hui, pour accompagner le déploiement de solutions agroenvironnementales, la filière française de la banane requiert le soutien des pouvoirs publics.

D’abord, l’UGPBAN demande l’autorisation de l’usage des drones pour traiter localement la cercosporiose noire. Cette technique d’application permettrait de supprimer les interventions depuis le sol, risquée pour les opérateurs, de diminuer de 30 % de l’usage des produits phytopharmaceutiques et de garantir la traçabilité des traitements par un enregistrement des données en temps réel.

Pour lutter contre la cercosporiose noire et la FOC TR4, l’UGPBAN espère ensuite une mise à disposition de nouveaux plants, tolérants voire résistants. Cette évolution doit relever du nouveau règlement européen sur les nouvelles techniques génomiques (NGT).

L’objectif de Jean BAFOIN, Directeur Production et Qualité de Banamart, est simple : « replanter l’intégralité de la sole bananière en 4 ans, pour un retour à nos volumes de 250 000 tonnes à horizon 2030 ! ».

« Notre filière regroupe de nombreux petits producteurs qui, aujourd’hui, ne disposent plus des moyens nécessaires pour faire face aux attaques croissantes de maladies et de ravageurs. La mise en œuvre de solutions collectives, telles que des traitements coordonnés contre la cercosporiose noire ou l’introduction de variétés résistantes et tolérantes, est devenue impérative. »

Jean BAFOIN, Directeur Production et Qualité de Banamart

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