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Contrat de Solutions, comment capitaliser davantage sur sa dynamique positive ?

Des partenaires du Contrat de Solutions partagent leur point de vue sur la dynamique qui se crée autour de cette initiative. Organisé pendant le Salon de l’Agriculture sur le stand de Phyteis, le débat se centre sur les clés pour accélérer l’adoption des solutions combinatoires et innovantes dans les fermes. 

Le Contrat de Solutions choisit une approche positive et collective de la protection des cultures. Rassemblant 45 partenaires, cette initiative recense notamment les outils et stratégies nécessaires au changement de pratiques. Toutefois, en 2024, l’association veut davantage accélérer l’appropriation de ces nouvelles approches.

Dans ce cas, quelles sont les meilleures courroies de transmission ? Comment mieux mobiliser techniciens et agriculteurs ? De premières pistes sont évoquées lors d’un échange entre acteurs agricoles organisé sur le stand de Phyteis pendant le Salon de l’Agriculture.

Contrat de Solutions, la force du collectif

En préambule du débat, Hervé Lapie, président du Contrat de Solutions et agriculteur, témoigne du dynamisme que porte l’association.

La force du Contrat de Solutions ?  « Indéniablement le réseau, à la fois national et local », répond-t-il. Aussi, l’agriculteur souligne l’agilité créée autour des 114 fiches solutions. Celles-ci se conçoivent au niveau national et décrivent des solutions concrètes, à combiner. Elles recouvrent une pluralité de thématiques : numérique, robotique, agroéquipement, agronomie, biocontrôle, variétés… Par ailleurs, des fiches bénéficient de points CEPP*. En région, les Chambres d’agriculture et les distributeurs agricoles se les approprient en les ajustant. Ces structures les testent puis élaborent les recommandations en fonction des conditions locales. En complément, des formations et visites d’essais soutiennent ces démarches. De fait, le réseau local détient en grande partie les clés du déploiement.

Pour Yves Picquet, président de Phyteis, c’est dans cette direction que s’inscrivent les entreprises de protection des cultures avec leur approche combinatoire. « Toutes les filières sont engagées dans la transition agroécologique, rappelle-t-il. Collectivement, avec nos sociétés, les instituts techniques, les chambres d’agriculture et la distribution agricole, nous avons un devoir de déploiement auprès des agriculteurs. Nous pouvons être fiers car nous sommes dans une dynamique et nous recherchons à diminuer les impacts. »

Contrat de Solutions

Hervé Lapie, président du Contrat de Solution, Simon Cheylan, trésorier de l’organisation, et Yves Picquet, président de Phyteis animent le débat sur les enjeux du Contrat de Solutions. L’échange se déroule avec des membres de cette association et des agriculteurs sur le stand de Phyteis pendant le Salon de l’Agriculture.

Yves Picquet, président de Phyteis : «  Collectivement nous nous devons de faire vivre le modèle combinatoire de protection des cultures. C’est la licence d’opérer de demain, si on veut rester leader en France ».

Contrat de Solutions, un outil à mieux valoriser dans les dispositifs publics 

Cependant, pour aller plus loin, l’association souhaite disposer de solutions dans toutes les filières. « Nous croyons beaucoup dans la recherche pour accompagner les transitions, lesquelles sont déjà engagées », ajoute Hervé Lapie. Toutefois, il regrette qu’Écophyto n’inclût pas plus directement le Contrat de Solutions. L’objectif est d’amener une démarche positive auprès des agriculteurs. Constat partagé par Rémi Dumery, agriculteur dans le Loiret. Très engagé dans l’agriculture numérique et la mise au point d’easyconnect. Il rappelle que les solutions n’arrivent que progressivement dans les fermes. En effet, la transition s’effectue au rythme des saisons agricoles. « J’ai 45 moissons à mon actif, soit 45 chances de réussite ! » Aussi, pour accélérer l’adoption des outils du Contrat de Solutions, il estime qu’ils sont insuffisamment poussés dans les dispositifs publics  : «  Par exemple, je ne vois pas ces mesures proposées dans le Certiphyto notamment sur le volet numérique  ».

Les instituts techniques, en amont pour travailler l’approche combinatoire

Sur ce sujet de la transition avec des solutions combinatoires, Terres Inovia est précurseur ! Depuis le retrait du phosmet, insecticide contrôlant l’altise en début de cycle de la culture, l’institut explore de nombreuses pratiques alternatives. Parmi celles-ci : le colza robuste. Davantage vigoureuse et plus tôt, cette plante est bien plus apte à se soustraire aux attaques du coléoptère. « Les méthodes combinatoires sont parfois difficiles à déployer, partage Gilles Robillard, président de Terres Inovia. On passe d’une solution chimique unique à plusieurs méthodes techniques, agronomiques, variétales… Dans ce cadre, l’expertise de notre institut technique est pleinement mobilisée pour proposer de nouvelles solutions aux agriculteurs. Notre rôle est aussi de les accompagner vers la transition agroécologique en leur proposant ces nouvelles associations de techniques. »

Photo Philippe Montigny

Hervé Lapie, président du Contrat de Solutions : « J’ai toujours considéré que la force du Contrat de Solutions ce sont ces 45 partenaires. L’idée est de mettre en réseau ceux qui agissent localement et à l’échelle nationale pour déployer les solutions ».

Photo Philippe Montigny

Rémi Dumery, agriculteur dans le Loiret  : « Ce qui importe dans le Contrat de Solutions, c’est le mot solutions ! Parmi celles-ci, le numérique, la robotique, l’intelligence artificielle. Toutefois, si nous n’avons pas l’adhésion du public en même temps que se développent ces innovations, on n’aura pas l’adhésion dans nos fermes ».

Accompagner la montée en compétence des techniciens

Comment convaincre davantage toutes les structures du terrain ? Le Contrat de Solutions veut créer plus de ponts entre elles. En effet, les techniciens doivent maîtriser les approches combinatoires en les adaptant aux conditions du terroir pour réduire les prises de risque. Conséquence, la modalité d’accompagnement doit évoluer en parallèle. En plus, certains doivent être formés… à former !

Pour Antoine Pissier, président de la Fédération du négoce agricole, la réponse se trouve aussi du côté de la certification : « Si le conseil devient global, dans le cadre de l’agrément des distributeurs agricoles nous sommes prêts à monter encore plus en compétence ».

En complément, Hervé Lapie souligne l’incohérence de la séparation de la vente et du conseil sur les produits phytopharmaceutiques. « Nous n’avons jamais eu autant besoin d’accompagnement, relève-t-il. Dans mon élevage de porcs, pour me passer des antibiotiques, ce sont le technicien et le vétérinaire qui ensemble m’ont aidé à progresser. »

Photo Philippe Montigny

Gilles Robillard, président de Terres Inovia : « Les instituts techniques sont un relai essentiel pour travailler avec une combinaison de solutions ».

Photo Philippe Montigny

Antoine Pissier, président de la Fédération du négoce agricole : « Les techniciens proposent déjà des solutions alternatives à combiner. Peut-être ne les raccrochent-ils pas toujours à celles présentées dans le Contrat de Solutions Toutefois, pour mobiliser davantage, le conseil doit pouvoir être global, incluant la protection des cultures ».

*Certificats d’économie de produits phytopharmaceutiques.