Congrès du maïs, mieux armer les agriculteurs face aux risques climatiques et bioagresseurs
Le maïs a de l’avenir en France. Les rendements sont bien au rendez-vous cette année. Pour conserver sa compétitivité, la filière a besoin de sécuriser ses moyens de production. Retour sur les messages clés délivrés lors du congrès du maïs à Clermont-Ferrand.
Forte productivité, excellente valorisation de l’apport en azote et en eau, faible Indice de fréquence de traitement pour les produits phytosanitaires (IFT) ainsi que grande capacité de captation et de stockage de carbone : le maïs est un atout pour l’agriculteur français.
Réunis en congrès les 21 et 22 novembre à Clermont-Ferrand, les maïsiculteurs ont partagé les très bons résultats de la campagne 2023. Aussi, ces scores contribuent à un regain de moral après une campagne 2022 difficile. La récolte est estimée à 13,1 millions de tonnes de maïs grain avec un rendement proche de 101 quintaux/hectare en moyenne. Ce volume représente 30 % de plus que l’année précédente. En maïs semences, la production a même été parmi les meilleures de ces vingt dernières années. Ainsi, le récolte s’établit à 107 % de l’objectif en moyenne contre 70 % en 2022. Néanmoins, les surfaces de multiplication pourraient toutefois baisser en 2024.
Le maïs, composante stratégique de la souveraineté alimentaire
Aussi, Franck Laborde, président de l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM) rappelle la contribution essentielle de la filière à l’économie des territoires. Elle participe à la souveraineté alimentaire française et européenne. En France, comme en Europe, la tendance est à la contraction de la production de maïs. Alors qu’ailleurs dans le monde, elle augmente (Brésil, États-Unis). « Il serait incompréhensible et dangereux que la France et l’Europe soient à contre-courant du reste du monde en matière de production de maïs ! Si l’on veut produire une alimentation en quantité, avec un faible impact environnemental, tout en relevant l’enjeu du changement climatique : le maïs est absolument stratégique et nécessaire !», insite-t-il. Alors, il est essentiel d’investir dans la culture de maïs partout où ce sera adapté.
Maïs plus compétitif avec une meilleure maîtrise des risques
Le défi réside dans le gain de surface, le souveraineté alimentaire, la production la biomasse et la captation de carbone. Alors, pour satisffaire cette feuille de route, la culture de maïs doit maintenir sa compétitivité. Celle-ci dépend notamment d’une meilleure gestion des risques, climatiques ou liés aux bioagresseurs. « Demain, nous devrons produire plus et non pas diminuer la production si nous souhaitons augmenter le stockage du carbone, a souligné Jean-Marc Schwartz, secrétaire général de l’AGPM. Pour y arriver, nous avons besoin d’eau, d’engrais décarbonés, de produits phytosanitaires, de semences. »
Au sujet de la transition agricole et sur le volet de la réduction des produits phytosanitaire, il estime indispensable d’éviter les impasses : « Il faut raisonner par usage, en listant pour chacun les molécules ». Aussi, il rappelle que les variétés issues des nouvelles techniques de sélection (NGT) n’ont pas vocation à remplacer les produits phytosanitaires. « Pour autant, NGT et produits phytosanitaires ne s’opposent pas, ils sont complémentaires », a-t-il complété.
Renforcer la communication sur la culture du maïs
Le congrès a aussi été l’occasion de rappeler les fondamentaux agronomiques et environnementaux de cette culture. Non le maïs n’est pas la culture qui consomme le plus d’eau ! Elle en a juste besoin lors des périodes de risques de sécheresse. D’où l’intérêt de créer des retenues d’eau. Oui le maïs est l’un des leviers agronomiques pour atténuer le changement climatique et décarboner l’agriculture. Autre atout, cette culture de printemps est même essentielle à l’échelle de la rotation pour casser le cycle des bioagresseurs. Enfin, le rôle clé de la communication sur la transition agricole auprès des consommateurs est souligné. « La communication n’est pas un sujet nouveau pour l’AGPM, mais c’est un sujet sur lequel nous avons parfois des déceptions. Il faut continuer à persévérer, à faire de la pédagogie et s’assurer que nos propos soient repris », relève Franck Laborde.
Garder une boîte à outils la plus large possible pour produire
Le 21 octobre, Séverine Jeanneau, présidente de la section maïs et sorgho de l’Union française des semenciers (UFS) et responsable filière et développement durable chez Corteva a organisé avec l’UFS la table ronde sur la décarbonation. Un focus clarifie le rôle clé de cette culture pour capter le carbone. « Pour avancer sur ce sujet, les défis sont de fédérer l’ensemble des acteurs de l’amont jusqu’à l’aval. Alors, l’objectif est d’avoir une rémunération additionnelle à la hauteur avec les crédits carbone », partage-t-elle.
Sur les deux journées de congrès, Séverine Jeanneau retient aussi l’enjeu de souveraineté alimentaire. Il implique obligatoirement une meilleure gestion des risques climatiques et des bioagresseurs : « Les producteurs de maïs doivent pouvoir conserver des outils efficaces, à combiner. Ils protégent la culture et accroîssent la résilience des plantes. Aussi, l’accès aux innovations, dont la génétique avec notamment les NGT*, reste fondamental ». Par ailleurs, l’axe communication lui est apparait très important, avec un besoin de renforcer les prises de parole hors secteur. La transition agricole s’expliquent aux consommateurs. « Les agriculteurs doivent pouvoir être fiers de la façon dont ils cultivent cette plante », ajoute-t-elle.