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Comment gérer durablement les nématodes en cultures légumières sous abri ?

Lors d’une conférence organisée le 17 janvier sur le Sival par UPL avec la station régionale d’expérimentation en cultures légumières, Aprel, des systèmes innovants ont été présentés pour contrôler les nématodes à galles en cultures sous abri. Ces solutions ont été évaluées dans le cadre du projet multipartenaire, Gonem.

Avec des températures estivales de plus en plus élevées, les cycles biologiques des nématodes à galles, dont ceux du genre Meloidogyne s’accélèrent. « En 2022, ces microscopiques ravageurs du sol ont eu besoin de 18 jours pour évoluer du stade d’œuf à celui d’adulte contre 20 à 25 jours habituellement », a partagé Claire Goillon, chargée d’expérimentation à l’Aprel, lors d’une conférence organisée par UPL le 17 janvier lors du Sival.

Responsables d’importants dégâts sur les cultures maraichères, ces phytoparasites provoquent des galles sur les racines. Ils perturbent l’alimentation de la plante et génèrent des affaiblissements puis des dépérissements. Les nématodes font partie de la vie microbienne des sols. Si leur éradication semble illusoire, différentes stratégies maintiennent les populations en dessous du seuil de nuisibilité.

Pour freiner les nématodes, au moins trois méthodes prophylactiques nécessaires

Piloté par le Grab d’Avignon et conduit de 2018 à 2022 sur dix exploitations maraichères de la région Provence Alpes Côte d’Azur, le projet multipartenaire* Gonem, a expérimenté différentes méthodes alternatives aux traitements phytopharmaceutiques pour freiner les nématodes du sol. Membre de ce programme, Claire Goillon, a expliqué qu’au moins trois méthodes sont nécessaires pour obtenir un résultat correct. Elle identifie l’insertion dans la rotation d’espèces moins sensibles (asperges, mâche, fenouil, fraises, ciboulette…) ainsi que de porte-greffes résistants dont l’offre reste limitée. Des espèces à cycle plus long, comme la fraise, étant moins attractives et moins sensibles vont permettre une limitation du développement des nématodes. La mise en place de couverts végétaux pièges, comme le sorgho l’été cultivé sur trois semaines, soustrait les plants de légumes aux attaques de ces phytoparasites. Ces stratégies sont à compléter avec l’élimination des adventices hôtes. Enfin, le biocontrôle fait aussi partie de la boîte à outils, avec des pistes d’amélioration du côté de l’application par les maraichers.


*Recherche et expérimentation : Inrae, Grab, Aprel, CTIFL
Conseil et développement : Ceta du Soleil, Ceta Durance Alpille, AgriBio 84

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Vincent Chauvet, responsable technique et développement pour UPL 

« Les terpènes, solutions de biocontrôle, agissent sur les œufs et système larvaire des nématodes, avec une réduction des éclosions et une modification de l’infectiosité des larves. »

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Claire Goillon, chargée d’expérimentation à l’Aprel : « Au moins trois techniques agroécologiques sont nécessaires pour freiner les nématodes du sol en cultures sous abri. »

Le biocontrôle, en relai pour couvrir tout le cycle des cultures

Tout l’enjeu de la stratégie de protection phytosanitaire est de couvrir la culture jusqu’à la récolte compte tenu de l’enchainement rapide des cycles de nématodes. La formulation des produits de biocontrôle joue alors un rôle clé dans le prolongement du mode d’action. Par exemple, l’encapsulation de deux composés naturels libère progressivement les substances actives dans le cadre de l’application réglementaire en goutte à goutte au pied des plants. « Le thymol et le géraniol de la famille des terpènes sont en suspension dans des capsules, explique Vincent Chauvet, responsable technique et développement pour UPL. L’eau rend la capsule poreuse. À chaque irrigation, les composés sont libérés»

 Il estime que la protection phytosanitaire doit elle aussi être combinatoire. « Avec des parasites complexes comme les nématodes, plus nous associons de solutions de biocontrôle dans un programme de protection phytosanitaire, plus nous obtenons des résultats satisfaisants, notamment pour diminuer le recours aux produits conventionnels », conclut-il.

Plus de 45 000

espèces de nématodes phytoparasites

De 1 à 10 millions

de nématodes/m2 de sol

1 Ha

de terre labourée contient 10kg de nématodes