Application des herbicides : allier efficacité, respect des règles et protection de l’eau
La réussite d’une application herbicide repose sur trois leviers : le respect de la réglementation, de bonnes conditions météo et la préservation des ressources naturelles. Les outils d’aide à la décision renforcent cette démarche.
Réduire l’impact des herbicides sur l’environnement reste un défi, mais la priorité est aussi de garantir leur efficacité. Pour Ronan Vigouroux, responsable environnement chez Phyteis, « chaque intervention se réfléchit en fonction du mode d’action du produit, de la parcelle et des conditions météorologiques ».
Application des herbicides : des critères réglementaires à respecter
Les outils d’aide à la décision apportent un appui précieux pour effectuer le désherbage dans de bonnes conditions. Ils informent sur le bon moment pour intervenir, selon la météo, et rappellent les contraintes réglementaires liées à chaque produit.
Tout d’abord, les traitements s’effectuent en l’absence de vent (maximum 3 Beaufort ou 19 km/h) pour éviter la dérive des produits. Ensuite, des zones tampons protègent les points d’eau. Quant à la dose indiquée sur l’étiquette, elle est le critère clé de l’efficacité et du respect de l’environnement. Trop faible, le produit agit mal ; trop élevée, les risques de pollution augmentent.
Prendre en compte les modes d’action des herbicides
Selon le mode d’action biochimiques, les conditions d’applications des herbicides différent. De plus, l’ajout d’un adjuvant pour les herbicides foliaires améliore l’étalement, l’adhérence puis la pénétration du produit dans les tissus. Certains adjuvants ont également une propriété anti-dérive.
Les herbicides systémiques
Les produits systémiques concernent notamment les familles des « sulfonylurées » mais également les « Fop/ Dimes/ Den » ou anti-graminées foliaires.
Leur particularité est de circuler dans la plante après leur absorption. Ils nécessitent une hygrométrie supérieure à 60 % et des températures entre 5 °C et 25 °C.
De leur côté, les herbicides systémiques racinaires migrent dans les premiers centimètres du sol pour atteindre les racines des jeunes adventices. Leur efficacité dépend avant tout de l’humidité du sol. Celui-ci doit donc être frais. A contrario, de fortes pluies après l’intervention provoquent des pertes par ruissellement. Par conséquent, pas de traitement si plus de 15 mm de pluie peuvent tomber dans les deux jours qui suivent. Enfin, un sol riche en argile ou en matière organique retient davantage ces herbicides, ce qui limite leur efficacité.
En revanche, les produits systémiques à pénétration strictement foliaire, comme les auxiniques ou les inhibiteurs de l’ACCase, ne dépendent pas de l’humidité du sol. Par exemple, une intervention tôt, en sortie d’hiver pour les céréales et en absence de gel, optimise leur efficacité sur les jeunes adventices.
Comme les produits systémiques diffusent dans la plante, ils réagissent moins à la qualité de pulvérisation. Les buses à injection d’air leur conviennent. L’avantage de cette catégorie de buse est de limiter la dérive sans nuire à l’efficacité, tant que les conditions météo restent favorables.
Les herbicides de contact
À l’inverse des produits systémiques, les produits de contact agissent uniquement là où ils touchent la plante. De fait, le succès du traitement herbicide repose également sur une couverture homogène de la cible. Cela implique de bien soigner la pulvérisation pour obtenir des gouttelettes régulières. Les buses à injection d’air sont possibles si le volume est supérieur à 80 L/ha. Toutefois, une pulvérisation de grosses gouttes à bas volume réduit fortement l’efficacité.
Aménager les parcelles pour protéger l’eau
Pour limiter l’impact sur l’environnement et notamment la ressource en eau, la réponse réside aussi dans l’aménagement du parcellaire. « Il faut absolument ralentir le transfert de l’eau en dehors de la parcelle », insiste Ronan Vigouroux. Fossés, bandes enherbées, talus, talwegs ou zones humides tampons freinent le ruissellement et protègent les cours d’eau.
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