La BNVD confirme la transformation du marché de la protection des cultures
La Base nationale des ventes des distributeurs (BNVD) révèle un recul des quantités de substances actives vendues aux agriculteurs, la sortie des produits les plus dangereux et la progression du biocontrôle. Phyteis observe la même dynamique.
Chaque fin d’année, Phyteis établit des statistiques sur les quantités de substances actives que ses 18 adhérents commercialisent à la distribution agricole. Ensuite, l’organisation confronte ces chiffres à ceux de la BNVD. Cette base publique, créée en 2008 dans le cadre du plan Écophyto, enregistrent les ventes des négociants et des coopératives. Les distributeurs y déclarent leurs volumes via la redevance pour pollution diffuse. La BNVD intègre aussi les volumes des importations, souvent issues de pays voisins. « La lecture de la BNVD corrobore avant tout nos observations depuis plus de 10 ans, indique Louis-Marie Colcombet, responsable des Affaires économiques et des Études chez Phyteis. Le volume de substances actives mises sur le marché diminue et cette tendance touche toutes les catégories de produits ».
Recul de 10 % des quantités vendues en 5 ans
Les dernières statistiques de la BNVD publiées en juin 2025 concernent les ventes aux agriculteurs pendant l’année 2023. Ainsi, l’État recense 66 500 tonnes de substances actives phytopharmaceutiques, dont 44 600 tonnes sont des produits conventionnels. Le solde, 21 900 tonnes, correspond aux substances de biocontrôle et à celles classées utilisables en agriculture biologique (UAB). De surcroît, la moyenne 2021-2023 se situe à 68 500 tonnes, contre 76 500 tonnes sur 2016-2018. En cinq ans, le marché perd donc près de 10 %.
Depuis le lancement du plan Ecophyto en 2008, les tonnages reculent de 38,3 % et de 59,8 % par rapport à 1999. « En 2023, les produits conventionnels tombent à leur plus bas niveau », souligne Louis-Marie Colcombet.
Par ailleurs, selon la BNVD, les proportions entre familles de produits restent stables : environ 45 % d’herbicides, 40 % de fongicides, 7 % d’insecticides et 8 % pour les autres catégories. La contraction du marché touche donc l’ensemble des usages.
En parallèle, la part du biocontrôle et des produits UAB progresse fortement. La BNVD enregistre 23 000 tonnes en 2023 contre 17 700 tonnes en moyenne sur la période 2017-2018. Désormais, ces produits pèsent un tiers du marché, une proportion qu’obtient également Phyteis dans ses statistiques. D’ailleurs, le soufre, substance minérale de biocontrôle, reste la matière active la plus vendue selon la BNVD. À lui seul, il constitue 21 % des quantités soit 14 900 tonnes en moyenne sur trois ans. Enfin, les 13 substances actives les plus vendues auprès des agriculteurs concentrent 65 % des volumes. Cet indicateur montre que la protection des cultures repose sur un nombre limité de solutions.
Disparition des substances CMR1 du marché de la protection des cultures
Sur le plan réglementaire, les substances au classement toxicologique CMR 1 disparaissent : seulement 6 tonnes vendues en 2023. Quant aux molécules CMR 2, comptant historiquement pour 20 % du volume du marché, elles reculent à 17 %. L’indicateur HRI 1 qui mesure le risque toxicologique, confirme le repli de 35 % en 8 ans de ces deux catégories de produits. En outre, la valeur de référence (base 100) s’applique sur la période la moyenne 2015-2017.
Pour Louis-Marie Colcombet, cette évolution traduit un effort collectif. « Il est le fruit du travail de toute la filière, des fabricants aux agriculteurs. Ensemble, ils innovent, recherchent l’efficacité, la bonne dose au bon moment et développent les méthodes combinatoires », conclut-il.
À noter, en décembre 2025, Phyteis publiera ses statistiques sur les ventes 2024-2025 auprès de la distribution agricole.