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Désherbage : mieux alterner les modes d’action herbicides pour gérer les résistances

En grandes cultures, la pression des adventices s’intensifie et les solutions diminuent. Pour limiter la résistance, Phyteis invite à identifier les familles chimiques et modes d’action afin de préserver l’efficacité des herbicides.

Les adventices constituent le principal problème de bioagresseur en grandes cultures. Avec des levées de qui s’étalent de plus en plus en raison du changement climatique, des espèces comme le ray-grass et le vulpin deviennent plus difficiles à contrôler. Autrefois inféodées aux cultures d’hiver, ces graminées colonisent désormais les cultures de printemps. L’allongement et la diversification des rotations ne cassent plus leurs cycles biologiques.

Par ailleurs, le réseau 4RP (Inrae-Anses) signale qu’en 2025, la liste des adventices résistantes aux herbicides compte 12 graminées et 13 dicotylédones. Parmi les graminées figurent notamment le vulpin, le ray-grass, le brome, le pâturin, les sétaires, la digitaire, le panic-pied de coq et la folle avoine.

Chez les dicotylédones, la résistance concernent entre autres le coquelicot, le séneçon, la matricaire, le laiteron, le stellaire et le chénopode blanc. De surcroît, une espèce peut résister à plusieurs familles d’herbicides.

Résultat : l’élimination du stock de semences dans le sol devient un véritable casse-tête.

Perte de 20 % des modes d’action herbicides depuis 2010

Le désherbage durable associe le levier chimique aux techniques agronomiques et mécaniques.

« Ainsi, les agriculteurs assurent la durabilité des modes d’action en gérant au mieux leur portefeuille d’herbicides», insiste Ronan Vigouroux, responsable environnement et de l’approche combinatoire chez Phyteis. Cependant, sur la période 2010 à 2023, 4 modes d’action disparaissaient ce qui correspond à 18 % des molécules autorisées en grandes cultures. « Ce n’est pas une chute mais bien une érosion », poursuit Ronan Vigouroux. Cette évolution accentue la pression sur les familles biochimiques restantes.

Alterner les modes d’action des herbicides, la règle d’or pour éviter les résistances

L’expert rappelle la règle d’or : alterner les modes d’action biochimiques à l’échelle de la culture et de la rotation. En appliquant cette stratégie, les agriculteurs protègent les herbicides du risque de résistance des adventices.

Le Comité international sur les résistances fournit alors un repère utile : sa classification HRAC. En effet, elle associe à ce sigle un numéro qui correspond à chaque mode d’action. « Les fabricants indiquent sur l’étiquette du produit les codes qui relient chaque substance active à sa famille chimique », rappelle Ronan Vigouroux.

Concrètement, deux herbicides, l’un autorisé sur blé, l’autre sur colza, peuvent contenir des molécules différentes mais partager les mêmes codes HRAC. Dans une succession culturale colza-blé, l’un des deux sera donc à éviter.

Enfin, pour illustrer cette nécessité de repérer les codes HRAC, le même groupe des inhibiteurs de l’acétolactate synthase (code HRAC 2) contient 25 substances actives. Inversement, celui des Inhibiteurs de la synthèse de la cellulose (code HRAC 29) n’en comprend que deux.

Désormais, des adventices résistent aux quatre familles du groupe des inhibiteurs de l’ALS (HRAC 2). Chez les inhibiteurs de la photosynthèse (HRAC 1), au moins deux familles sur cinq autorisées sont dans ce cas.

« Lors du tour de plaine, une baisse d’efficacité d’un herbicide invite à revoir le choix des molécules à l’échelle de la rotation », recommande Ronan Vigouroux.

Téléchargez la fiche de Classification HRAC des modes d’action herbicide