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Asperge

Le criocère de l’asperge, l’ennemi numéro 1 des producteurs d’asperges

Ravageur historique de la culture d’asperges en France, le criocère de l’asperge est devenu l’un des bioagresseurs les plus problématiques pour la filière.

Le criocère de l’asperge (Crioceris asparagi) est un coléoptère phytophage, de la famille des Chrysomelidae. Mais celui-ci affecte exclusivement les plants d’asperge (Asparagus officinalis).

Actif d’avril à septembre, ce coléoptère s’attaque à différents stades de croissance de la plante, depuis les jeunes turions jusqu’au feuillage.

En matière de protection, à la suite de l’interdiction des néonicotinoïdes, les producteurs disposent d’un éventail de moyens très réduit. Ils sont donc exposés à des pertes de rendement significatives.

Pour répondre à ce défi, la filière mise depuis plusieurs années sur une meilleure connaissance biologique et comportementale du ravageur. Cette démarche est associée à une stratégie de lutte combinant plusieurs leviers.

Le cycle biologique du criocère de l’asperge

Le cycle de développement du criocère de l’asperge repose sur 7 stades : un stade œuf, quatre stades larvaires, un stade pupe et un stade adulte.

Une à deux générations peuvent se succéder selon les conditions climatiques, parfois trois : généralement une première en avril, et une seconde en juillet. Cette dernière entre ensuite en diapause à la fin de l’été pour hiverner.

©AOP Asperges de France

Des œufs de criocère

Le criocère adulte est un petit coléoptère de 5 à 6 mm, au corps allongé, de couleur rouge orangé avec des élytres ornés de points noirs. Il hiverne à l’état adulte dans les débris végétaux ou les zones enherbées proches des cultures.

©Copadax

Des criocères adultes

Dès le printemps, les adultes émergent et s’accouplent rapidement. La femelle pond ses œufs à la base des tiges d’asperge.

Après l’éclosion, les larves — reconnaissables à leur corps mou recouvert de mucus noirâtre — se nourrissent intensément du feuillage. Ce sont elles qui causent le plus de dégâts. Une fois arrivées à maturité, elles rejoignent le sol avant la pupaison.

©Copadax

Des larves de criocères

La nuisibilité du criocère de l’asperge

Les dommages causés par le criocère sont doublement problématiques pour les producteurs d’asperges.

  • D’une part, les morsures des larves entraînent une défoliation précoce. Ce qui empêche la reconstitution des réserves racinaires indispensables à la production de l’année suivante.
  • D’autre part, ces blessures constituent une porte d’entrée pour des agents pathogènes, notamment des maladies fongiques.

©Copadax

Les dégâts causés par le criocère de l’asperge

En cas de forte infestation, les pertes de rendement peuvent s’étendre sur plusieurs campagnes successives, menaçant la rentabilité de la culture. Les cas de très forte infestation peuvent aboutir au dépérissement de l’aspergeraie.

Stratégie de protection combinatoire contre le criocère de l’asperge
Lutte chimique

Depuis l’interdiction des néonicotinoïdes en 2018, un insecticide (autorisé en dérogation pendant 120 jours) et les pyréthrinoïdes demeurent les seules solutions autorisées contre ce ravageur.

Ces pyréthrinoïdes, bien qu’utiles, posent plusieurs problèmes : efficacité partielle, nécessité d’interventions répétées et risque de développement de résistances. La filière est donc engagée dans une recherche active de solutions alternatives.

Levier prophylactique & biocontrôle

Depuis 2020, plusieurs projets ont été menés pour explorer des leviers complémentaires dont le projet Crioceris (2020-2021) et CrioTrap (2021-2023).

Ils ont permis de tester :

    • Des filets anti-insectes associés à des champignons entomopathogènes. Leur efficacité s’est révélée inconstante et leur coût, trop élevé.
    • Des produits de biocontrôle, sans résultats probants à ce jour.
Les perspectives horizon 2030 contre le criocère de l’asperge

Face à une situation de quasi-impasse phytosanitaire, la filière « asperge » place la connaissance fine du criocère au cœur de sa stratégie de défense.

Des travaux visent ainsi à améliorer la compréhension fine de la biologie du criocère : modélisation de son émergence par les degrés-jours, hauteur de vol, attractivité des couleurs, rôle des kairomones, etc.

À l’horizon 2030, les objectifs sont clairs :

  • Développer des outils de surveillance prédictive,
  • Optimiser les traitements grâce aux modèles d’émergence,
  • Et identifier des leviers de biocontrôle efficaces.

La mise au point de dispositifs de piégeage de masse à base de phéromones ou de kairomones, ou encore l’introduction ciblée d’ennemis naturels, font partie des pistes explorées.

Mais ces solutions ne verront le jour que si les moyens dédiés à la recherche et à l’innovation agronomique sont maintenus.