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Phyteis

Analyse du CGAAER sur la stratégie biocontrôle : un constat que partage Phyteis

Phyteis se retrouve dans les recommandations du CGAAER concernant le déploiement du biocontrôle, en particulier sur la nécessité de lever les blocages réglementaires et sur l’importance d’une action collective conduite sur le terrain.  

Dans un rapport publié le 17 juin, le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) formule des recommandations pour réviser la Stratégie nationale de déploiement du biocontrôle (SNDB). Elle est attendue pour décembre 2025.

Pour mener leur mission, les rédacteurs se sont entretenus avec des représentants de la DGAL, de l’Anses, de l’Inrae et d’organisations professionnelles dont Phyteis.

Un consensus se dégage à l’issue de cette consultation. « Le déclic attendu n’a pas encore eu lieu à grande échelle », résume le CGAAER. Malgré des efforts, en 2022, seuls 10 % des parts du marché de la protection des cultures concernent les produits de biocontrôle selon le rapport du CGAAER. Dans ce cas, l’objectif des 30 % visé pour 2030 semble difficile à atteindre.

Pour le CGAAER, un des freins  est celui de l’adoption de ces produits au niveau des exploitations agricoles.

Impliquer le terrain, construire des solutions intégrées

La réussite de la future stratégie dépendra alors de sa capacité à mobiliser l’ensemble de l’écosystème agricole. Cela implique une meilleure intégration des coopératives, des négoces et plus globalement des techniciens de terrain, indique le CGAAER. En parallèle, il estime indispensable l’adaptation du cadre réglementaire. Par exemple, la séparation vente/conseil des produits phytopharmaceutiques, en place depuis 2021, freine la diffusion des solutions de biocontrôle auprès des agriculteurs. Les distributeurs ne peuvent plus les accompagner techniquement alors que ces produits sont souvent complexes à insérer dans les pratiques.

En effet, pour le CGAAER, « il faut concevoir des itinéraires techniques intégrés en associant la prophylaxie, les biocontrôles, les biostimulants, la lutte biologique par conservation et les leviers agronomiques comme la génétique ou la précision ». Lors de Phyteis Campus, le 13 mai, la coopérative NatUp expliquait comment elle met en œuvre cette approche. Ses techniciens, formés à ces nouvelles pratiques, la construisent avec les agriculteurs.

D’ailleurs, Phyteis défend cette ligne depuis 2022. « L’approche combinatoire de la protection des cultures permet de concilier la souveraineté alimentaire et une durabilité accrue de la production, souligne Philippe Michel, directeur des affaires réglementaires et juridiques de Phyteis. Et de préciser : « Face au changement climatique et à l’évolution de la pression des bioagresseurs, la performance agricole repose sur la complémentarité des solutions. Dès lors, chaque levier a sa place, y compris celui de la chimie lorsqu’elle s’avère nécessaire ».

Consolider la gouvernance de la SNDB à l’échelle des territoires

Le CGAAER appelle aussi à renforcer la gouvernance territoriale de la stratégie nationale du biocontrôle pour adapter les actions aux spécificités locales. Dans ce cas, il propose de confier l’élaboration des feuilles de route régionales aux préfets et aux conseils régionaux.

« Le déploiement des innovations sur le terrain constitue un véritable enjeu collectif. Nous soutenons une approche ouverte, pragmatique et flexible associant l’ensemble des acteurs, rappelle Philippe Michel. Au-delà des itinéraires techniques adaptés aux contextes locaux, il s’agit aussi de traiter les volets formation, information et communication. Toutefois, pour que ces innovations puissent être mises en œuvre, encore faut-il qu’elles accèdent plus rapidement au marché ! »

Nécessaire évolution du cadre réglementaire pour l’homologation du biocontrôle

Les auteurs du rapport regrettent que le système de l’homologation, conçu pour les produits phytopharmaceutiques classiques, ne soit pas mieux adapté aux solutions s’appuyant sur des mécanismes naturels. En effet, outre la lourdeur des dossiers, cela conduit à des délais d’autorisations de mises sur le marché (AMM) trop longs en Europe.

Comme le CGAAER, Phyteis approuve également l’instauration d’une définition européenne du biocontrôle, l’ajustement des règles d’évaluation aux spécificités de ces produits et la révision des exigences en matière d’efficacité.

Les deux structures soutiennent également le rétablissement des AMM provisoires prévues à titre transitoire dans le règlement (CE) 1107/2009.

«Toutes ces mesures vont dans le bon sens », estime Philippe Michel avant d’ajouter : « Le cadre règlementaire actuel au niveau européen ne répond pas au souhait d’accélérer l’arrivée des produits de biocontrôle et plus largement des innovations en agriculture. Dans ces conditions, la boite à outils de solutions s’appauvrit rapidement au lieu de s’étoffer et de se diversifier».

Un point mis en exergue lors de Phyteis Campus dans le cadre d’un débat sur l’évaluation des produits phytopharmaceutiques.