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Phyteis

Quels pays européens autorisent les drones pour les travaux phytopharmaceutiques ?

L’Europe s’engage progressivement dans l’autorisation des drones pour pulvériser les produits phytopharmaceutiques. Leur adoption en toute sécurité doit s’accompagner de cadres réglementaires et d’études complémentaires.

Que ce soit dans les rizières et cultures en terrasses d’Asie ou dans les plaines agricoles des États-Unis, l’utilisation des drones est désormais courante. En Asie, leur adoption pour l’application des produits phytopharmaceutiques remonte même aux années 1990 ! Ces engins pulvérisateurs se révèlent efficaces dans les zones difficiles d’accès.

Et qu’en est-il en Europe ? Lorsque des pays les autorisent pour les travaux phytopharmaceutiques, leur décision intervient principalement après une phase d’expérimentation et de concertation. La Suisse, pionnière en la matière, les utilise depuis 2019 dans le cadre d’une procédure spécifique.

« Les drones offrent de nombreux avantages pour l’agriculture, notamment dans les zones difficiles d’accès ou pour remplacer des modes de pulvérisation plus exposants pour les opérateurs, explique Julien Durand-Réville, responsable santé et agronomie digitale chez Phyteis. Par exemple, ils constituent, une alternative aux pulvérisateurs à dos dans les bananeraies ou aux chenillards utilisés dans les vignobles en pente. Cependant, leur adoption généralisée nécessite d’acquérir des données complémentaires sur la dérive, les expositions des opérateurs et les performances agronomiques. L’harmonisation des cadres réglementaires au niveau européen pourrait également accélérer leur intégration dans les pratiques agricoles modernes. »

L’Allemagne, la Hongrie et la Bulgarie ouvrent la voie aux drones phytopharmaceutiques dans l’UE

En Allemagne, certains Länder permettent l’usage des drones pour protéger les vignes et forêts. Le JKI (Centre fédéral allemand de recherche sur les plantes cultivées) mène en parallèle des études pour améliorer la technologie.

De leur côté, la Hongrie et la Bulgarie expérimentent l’application d’insecticides et de fongicides sur l’ensemble des cultures à l’aide de ces appareils, aussi dans le but de légiférer.

La France veut légiférer sur les pulvérisations par drone

Depuis le 30 octobre 2021, la France interdit de pulvériser des produits phytosanitaires par drone. Toutefois, une proposition de loi déposée en septembre 2024 met en avant leur intérêt pour le traitement aérien de précision sur des parcelles difficiles d’accès. Elle souligne les risques liés à l’utilisation d’engins au sol, notamment sur des terrains en pente. De plus, elle insiste sur l’importance d’équiper les drones de buses anti-dérive. Dans son avis de 2022, l’Anses recommandait des mesures d’utilisation et des essais supplémentaires sur l’exposition des opérateurs et riverains. Les experts de l’agence s’appuient sur des expérimentations menées dans des vignobles, dans des bananeraies ou des vergers de pommiers.

L’Italie, la Grèce et l’Espagne renforcent les expérimentations sur les drones phytopharmaceutiques

Dans plusieurs pays européens, les drones phytopharmaceutiques sont encore au stade expérimental. En Italie, un programme qui se déroule en Lombardie étudie leur impact sur l’environnement et sur la santé humaine. Par ailleurs, il s’accompagne de la publication d’un guide pour encadrer les essais sur le terrain.

En Grèce, le projet Icarus explore le potentiel des drones dans le secteur agricole. Quant au projet espagnol DroneSafe, ils se concentre sur les risques pour les opérateurs et la réduction de la dérive. Depuis 2024, il remplace le programme Phytodron qui abordait en plus les thématiques de l’efficacité et des résidus.

Enfin, hors UE, un groupe de travail sur les drones phytopharmaceutiques existe au sein de l’instance anglaise d’évaluation Chemicals Regulation Directorate. D’ailleurs, c’est le président du groupe de l’OCDE dédié à ce sujet, qui le dirige.

Une Task Force mondiale harmonise les pratiques et collecte les données

L’industrie de la protection des cultures joue également un rôle clé dans la structuration et l’harmonisation des pratiques. Une Task Force internationale, l’UAPASTF (Unmanned Aerial Pesticide Application System Task Force), basée aux États-Unis, s’est donné pour rôle de rassembler des données pour soutenir la standardisation, générer des données supplémentaires et publier ces  résultats à l’échelle mondiale.