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Phyteis

Une variété de banane éditée résiste à la cercosporiose noire et la fusariose 

Face à la cercosporiose noire de la banane et à la fusariose TR4, l’édition du génome pourrait enrayer la perte de production ! Une banane éditée résistante à ces deux fléaux pousse dans des serres hollandaises après trois ans de recherche.

La cercosporiose noire, ou maladie des raies noires, met en péril la production de bananes au niveau mondial. De surcroît, un autre champignon, la fusariose de race tropicale 4 (TR4), ou maladie de Panama, frappe tout autant les bananeraies. Pour l’instant, en Martinique et Guadeloupe, seule la cercosporiose noire sévit depuis 2010. Apparaissant en trois semaines, cette maladie contamine rapidement les jeunes feuilles. De plus, elle se caractérise par une grande capacité de dispersion, notamment par le vent. Quant à la fusariose tropicale TR4, elle se propage par le sol et attaque les racines, rendant très difficile son élimination.

Grâce à l’édition du génome, obtention plus rapide et précise de bananes résistantes

Face à ces deux maladies, une solution durable se situe du côté de la sélection variétale. Jusqu’à présent, aucune variété de banane totalement résistante n’était disponible. Toutefois, des chercheurs du projet Yelloway, viennent de créer une variété de banane éditée résistant simultanément aux deux pathogènes. Ce programme rassemble Chiquita (producteurs) et les laboratoires KeyGene, MusaRadix, en collaboration avec Wageningen University & Research (WUR). Pour obtenir un résultat plus précis et rapide, ils utilisent les techniques d’édition du génome combinées aux méthodes de sélection traditionnelles. Le nouvel hybride de bananes Cavendish se nomme Yelloway One. Point essentiel, la variété garde le même aspect, la même texture et la même durée de conservation que la banane Cavendish.

Selon le professeur de phytopathologie Gert Kema de l’Université de Wageningen, cette variété est une avancée majeure pour l’avenir de la culture de la banane. « Ainsi, nous démontrons qu’en utilisant les derniers outils génétiques, nous pouvons le faire beaucoup plus rapidement », annonce-t-il sur le site de l’université. Le développement de Yelloway One a seulement pris trois ans.

Yelloway One est au stade de prototype, cultivée uniquement dans une serre aux Pays-Bas. Cependant, des plants doivent rejoindre les Philippines et l’Indonésie. Dans ces régions, la fusariose et la cercosporiose noire causent des dégâts importants. Dans un premier temps, les essais sur le terrain détermineront la performance de Yelloway One dans un environnement naturel. En parallèle, l’Université de Wageningen collabore avec plusieurs organisations pour que cette technologie intègre d’autres programmes dans le monde.

Et pour la banane française ?

L’attente des producteurs antillais est forte car ils disposent de moins de substances actives pour lutter contre la cercosporiose que ceux d’Amérique centrale et latine. En effet, dans les bananeraies françaises, la phytopharmacie repose sur la trifloxystrobine, la dodine, le fluopyram et le difénoconazole, avec trois traitements au maximum. De leur côté, les concurrents utilisent plus d’une dizaine de molécules. De plus, les pulvérisations par drone, plus performantes, sont interdites en France.

Alors que des souches de cercosporiose jaune partiellement résistantes aux fongicides apparaissent, une génétique efficace permettrait de s’affranchir des substances chimiques. Toutefois, pour cultiver des variétés de bananes éditées, les producteurs antillais espèrent une évolution de la réglementation européenne en 2025 sur l’édition du génome.