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Phyteis

Que signifie l’approche combinatoire de la protection des cultures ?

Face à la pression des bioagresseurs, accentuée par le changement climatique, et la diminution de solutions phytopharmaceutiques, les agriculteurs optent pour une stratégie durable : l’approche combinatoire de la protection des cultures. 

Combiner ce n’est pas juxtaposer des technologies ! L’approche combinatoire de la protection des cultures est avant tout une stratégie intégrée. Elle s’appuie sur la synergie qui existe entre les technologies et les méthodes culturales pour gérer les bioagresseurs. Ainsi, en combinant des solutions, on en invente d’autres !

Ouverte, l’approche combinatoire est la clé de la durabilité de la protection des cultures.

Les principaux objectifs de l’approche combinatoire de la protection des cultures :

  • Assurer la souveraineté alimentaire en France et en Europe grâce à des récoltes saines et en quantité suffisante.
  • Minimiser l’impact sur l’environnement de la protection des cultures. Respecter les sols, de mieux gérer l’eau et de maintenir la biodiversité.
  • Sécuriser le résultat économique de l’exploitation agricole notamment face à la volatilité des prix et au changement climatique.
L’approche combinatoire de la protection des cultures est durable

Concrètement, une pluralité de solutions apporte davantage de flexibilité dans l’élaboration des itinéraires techniques. Les agriculteurs peuvent adapter leurs pratiques à leur situation technico-économique et aux conditions agro-climatiques de l’année.

Grâce à cette souplesse, la protection des cultures gagne en efficacité et durabilité. En effet, lorsque l’on répète une même technique, le bioagresseur arrive à la contourner.

Enfin, l’approche combinatoire de la protection des cultures répond à la demande des consommateurs d’une moindre utilisation des produits phytopharmaceutiques.

Les technologies et méthodes de la protection des cultures à combiner

Avec le progrès scientifique, les entreprises de protection des cultures proposent une offre de plus en plus diversifiée. « Nous œuvrons pour que chaque agriculteur puisse bâtir sa solution en fonction de ses propres contraintes et objectifs, explique Ronan Vigouroux, responsable agriculture durable et environnement chez Phyteis. Ainsi, Il est important d’élargir au maximum la caisse à outils en nous appuyant sur les quatre piliers de la protection des cultures. Il s’agit des biosolutions, du digital, des biotechnologies et de la phytopharmacie avec la chimie de synthèse. » La boîte à outils s’enrichit donc au rythme des innovations.

Voici une liste, non exhaustive, de solutions à combiner.

Les semences (biotechnologies)

Les variétés tolérantes ou résistantes aux bioagresseurs sont le premier choix des agriculteurs face à une pression parasitaire grandissante.
De nouvelles perspectives s’ouvrent grâce aux biotechnologies telles que l’édition du génome pour accélérer l’amélioration variétale. En complément, le séquençage de l’ADN oriente mieux les efforts de sélection. Par exemple, il permet de décrypter les relations entre la plante et son bioagresseur.

Le digital

Les technologies du numérique aident à mieux évaluer et comprendre les risques liés aux bioagresseurs. Elles intègrent un grand nombre d’informations, comme les conditions climatiques et agronomiques. L’utilisation d’Outils d’aide à la décision (OAD) numériques permet de coordonner entre elles les méthodes de lutte chimique, biologique, mécanique ou physique. En outre, ils contribuent au déploiement du biocontrôle.

D’autres outils numériques, (intelligence artificielle, guidage par GPS) améliorent la précision des traitements.

Les biosolutions

D’origine naturelle ou mimant la nature, les biosolutions agissent souvent en préventif pour diminuer la pression des bioagresseurs.

On distingue cinq grandes familles de biosolutions selon leur mode d’action ou origine.

  • Solutions de biocontrôle comprennent les macro-organismes, (insectes ou araignées), les micro-organismes (bactéries, champignons et virus) les médiateurs chimiques (kairomones et phéromones) et les substances naturelles (origine minérale, végétale ou animale).
  • Préparations naturelles non préoccupantes (exemple : les décoctions de plantes)
  • Produits utilisables en agriculture biologique (exemple : le cuivre, le soufre)
  • Biostimulants (les stimulateurs des défenses des plantes, les micro-nutriments…)
  • Adjuvants biosourcés (les adjuvants mouillant, pénétrant, limitant la dérive…)
Les produits phytopharmaceutiques de synthèse

Les substances actives de synthèse ont démontré leur utilité pour protéger toutes les cultures (rendement, qualité…). Cependant, leur utilisation répétée présente des limites. Dans le mix de technologies, les solutions chimiques apportent un haut niveau d’efficacité.   

Les agroéquipements

Les meilleures techniques et pratiques de pulvérisation optimisent l’efficacité des biosolutions et de la phytopharmacie. Ainsi, on minimise les quantités de produits, l’exposition de l’environnement et celle des riverains.
Les équipementiers innovent notamment dans la gestion des adventices avec des moyens mécaniques.

La combinaison des méthodes de lutte agronomique

La stratégie combinatoire prédéfinie n’existe pas, seule compte la réponse en fonction du risque bioagresseur !

Par conséquent, les agriculteurs insèrent les techniques de protection des cultures en complément d’autres méthodes de lutte. Parmi ces dernières : la lutte culturale avec notamment la rotation des cultures, la lutte physique et mécanique, la lutte biologique par conservation. Systématiquement, ces méthodes agronomiques créent des conditions défavorables à l’installation des bioagresseurs. D’autres pratiques améliorent la fertilité du sol. Une plante qui pousse sur un sol riche en matière organique est bien plus robuste.

Exemple d’approche combinatoire pour protéger les vergers de pommiers contre le carpocapse

Grâce aux pièges connectés, le producteur suit facilement l’évolution des carpocapses. Avant la période de vol de papillons, l’installation de filets anti-insectes au-dessus des pommiers évite une colonisation depuis l’extérieur de la parcelle.

En cas de risque faible à moyen, il peut opter pour la confusion sexuelle. Si nécessaire, la protection insecticide prend le relai.

En fin de cycle, l’agriculteur fixe sur les troncs des bandes en carton ondulé ou collantes. Elles piègent les larves qui migrent vers le sol. À nouveau, le biocontrôle entre en jeu avec des nématodes et des virus. Ces organismes parasitent les larves en hivernation. Ultime précaution : l’élimination des bois de coupe et des fruits pourris. Cette mesure est aussi efficace contre les champignons (tavelure, moniliose…). Bilan ! L’année suivante, la population de carpocapses diminue considérablement ! Bien évidemment, chaque producteur concocte un assemblage de techniques qui correspondent le mieux à son verger.

Exemple d’approche combinatoire pour contrôler le mildiou de la pomme de terre

Le choix variétal est l’un des piliers de la lutte culturale contre le mildiou de la pomme de terre. Des variétés résistent aux attaques de ce pathogène. Cependant, leur culture dépend du cahier des charges des industriels.

Deux autres mesures sont efficaces pour réduire l’inoculum sur la parcelle : l’allongement de la rotation et la destruction des résidus de culture. Dès la levée des pommes de terre, les planteurs suivent la sporulation et la croissance du mildiou avec l’OAD Mileos. Cet outil de prédiction optimise le positionnement des fongicides en fonction du risque avec jusqu’à 50 % de baisse de l’Indicateur de fréquence de traitement. En cas de contaminations, la protection phytopharmaceutique s’appuie sur les fongicides chimiques et ceux de biocontrôle. Le programme privilégie l’alternance des modes d’action des matières actives. Ainsi, on limite l’apparition de souches de mildiou résistantes.