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Phyteis

Libérons les moyens de production agricole !

Le monde agricole renoue avec la fierté de produire à condition de ne pas avoir de freins. Quels sont les enjeux autour des moyens de production agricole pour accéder à la triple performance sociétale, économique et environnementale ?

La météo inédite de cette campagne 2023-2024 rappelle la fragilité de l’agriculture. Les pluies incessantes, les semis impossibles à réaliser et le manque de soleil, la mettent à rude épreuve. Sans compter sur une très forte pression maladies en céréales ! De l’aveu de Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA : « Autant de sinistres dans les plaines, c’est inédit ».

Quel est le niveau de production agricole à atteindre ?

S’ils doivent composer avec la météo, les agriculteurs ne veulent plus manquer de solutions techniques pour exercer leur métier. Or, la vision européenne est d’avoir une autonomie agricole et alimentaire tout en maintenant les exportations. De fait, pour répondre à ce défi, l’exploitation agricole française doit être résiliente et productive. Sa robustesse économique n’est possible que si elle peut faire face aux bioagresseurs et au changement climatique.

Cependant, les agriculteurs n’acceptent plus d’être en décalage par rapport à ceux des autres pays européens. Ils veulent jouer à armes égales et disposer de la même phytopharmacie. D’ailleurs, la crise identitaire que vit actuellement le monde agricole s’en fait l’écho.

Pour ces raisons, la stratégie Écophyto 2030 prend en compte certaines revendications des agriculteurs. Toutefois, pour Phyteis, une question fondamentale demeure. Quel est le niveau de production à atteindre ?

« Est-ce normal de diminuer les moyens de production agricole alors que l’objectif n’est pas fixé, interpelle Yves Picquet, président de Phyteis. En outre, la protection des cultures est désormais plurielle. Son véhicule réside dans l’approche combinatoire. »

Accéder à tous les moyens de production agricole

Quatre familles de technologies (digital, biosolutions, biotechnologies et phytopharmacie) caractérisent l’approche combinatoire de la protection des cultures. « Déjà, ces méthodes combinées diminuent l’impact de la protection des cultures sur l’environnement, relève Yves Picquet. Par conséquent, nous voulons continuer dans cette dynamique. Au bout du bout, le consommateur souhaite une assiette avec une nourriture en quantité, saine et à prix abordable ! S’ajoute la performance économique pour les agriculteurs. Avec l’approche combinatoire, on peut offrir cela. Néanmoins, pour y arriver, on ne doit pas être dans la décroissance. Ainsi, nous croyons en cette ligne de crête qui est la triple performance sociétale, économique et environnementale. »

Face à cette trajectoire, la feuille de route à horizon 2030, qu’annonçait Phyteis en 2022 est plus que jamais d’actualité. En effet, elle se structure autour d’actions qui renforcent la souveraineté alimentaire, la recherche et la connaissance des métiers.

Enfin, en complément du maintien des moyens de production agricole, l’enjeu de la communication auprès des consommateurs s’avère être crucial. Comment répondre ? En parlant collectivement avec transparence et en ouvrant les fermes. « Nous passons de la dignité à la fierté de notre secteur agricole  ! », conclut Yves Picquet.

Phytopharmacie affaiblie mais indispensable à l’approche combinatoire de protection des cultures

La phytopharmacie, l’un des leviers de la protection des cultures s’appauvrit. Selon le rapport du CGAAER de mars 2002, le nombre de nombre de produits phytopharmaceutiques autorisés en France diminue de moitié en 12 ans. Dans le détail, il passe de 3036 en 2008 à 1660 en 2020. Quant au nombre de substances actives, il est de 425 en 2008 et de 323 en 2019. La question des moyens de production disponibles se pose.

Par conséquence, la meilleure façon de conserver la phytopharmacie existante et son efficacité est de la combiner.

Les produits phytopharmaceutiques s’appliquent avec plus de précision grâce au digital. En outre, ils s’associent aux biosolutions pour protéger les plantes. Parallèlement, la tolérance aux bioagresseurs est un important critère de sélection variétale. Par exemple, les nouvelles variétés de blé le sont majoritairement vis-à-vis de la septoriose.

À noter, le Plan Parsada inclut la phytopharmacie dans la boîte à outils. L’objectif des pouvoirs publics et les filières est de trouver des solutions face au potentiel retrait de matières actives.

L’approche combinatoire de la protection des cultures répond aux enjeux de la triple performance sociétale, économique et environnementale.

Crédit : Philippe Montigny