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Parole d'expert

Une publication EPI compile 48 études réglementaires sur les risques phytopharmaceutiques

Une publication EPI inédite est mise en ligne depuis le 19 mars 2024. Elle consolide les résultats de 48 études sur l’efficacité des Équipements de protection individuels (EPI) face au risque phytopharmaceutique. Ces études alimentent le modèle d’évaluation européen d’exposition des opérateurs (AOEM).

L’Agence européenne d’évaluation (EFSA) préconise d’utiliser le modèle de prédiction de l’exposition des opérateurs : AOEM (Agricultural Operator Exposure Model).

Ce modèle se fonde sur les résultats de 48 études d’exposition. Ces études suivent près de 600 opérateurs de dix pays européens aux climats et conditions agricoles diverses. Commanditées par les entreprises de protection des cultures, elles répondent aux Bonnes pratiques de laboratoires. L’EFSA et les agences d’évaluation européennes dont l’Anses en France considèrent l’ensemble de ces études comme robustes.

Recensement des études d’exposition des opérateurs au risque phytosanitaire, un acte de transparence

Jusqu’à présent, les résultats agrégés de ces études n’avaient jamais fait l’objet d’une publication scientifique ni d’un accès facilité. Cette publication EPI est consultable dans le Journal of Consumer Protection and Food Safety.

« Notre objectif est de consolider les résultats tels que ces études d’exposition les mesurent et de les mettre à disposition du public », indique Julien Durand-Réville, responsable prévention santé chez Phyteis. Il est l’un des six experts de l’industrie co-auteurs de la publication. « Les comités d’experts indépendants européens recensent et consolident les données, poursuit-il. Celles-ci alimentent le modèle AOEM. Auparavant, elles s’avéraient peu accessibles. Désormais, la publication EPI, soumise à comité de lecture, les met en lumière. Ainsi, cette démarche constitue un nouvel acte de transparence de notre association européenne CropLife Europe. L’initiative apporte une compréhension complète du rôle protecteur des EPI. Les autorités attendent qu’ils protègent en moyenne à plus de 90 %, dans des conditions normales d’utilisation. Et c’est le cas ! »

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Dans les études de la publication EPI, toutes les étapes de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques sont prises en compte.

Ici préparation de la bouillie.

©️ « Crédit : RAS PRODUCTION / Astrid Loren, reproduction illicite »

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©️ « Crédit : Phyteis

EPI pour les mains et le corps, confrontés à tous les risques d’exposition aux phytosanitaires

Les études du modèle AOEM se concentrent sur l’efficacité des gants en nitrile et des combinaisons de travail. Aussi, elles se déroulent en conditions réalistes, sur cultures hautes, basses et sous serres. L’application s’effectue avec des pulvérisateurs réels, à rampe, pneumatique ou encore des pulvérisateurs à dos. Ils sont automoteurs ou tractés. En revanche, les EPI à l’étude sont neufs. Cette précaution s’avère nécessaire pour éviter toute variabilité dans les niveaux de contamination initiaux.

En conditions réelles, ces expérimentations prennent également en compte des pratiques parfois inappropriées. Exemple : un agriculteur oublie de porter des gants ou les retire pour les remettre à plusieurs reprises. De fait, certaines valeurs sont artificiellement excessives. « Dans les études de la publication EPI on s’approche davantage des conditions réelles, relève Julien Durand-Réville. La prise en compte de ces valeurs ajoute un niveau de sécurité supplémentaire dans le modèle. »

L’analyse de résidus s’effectue avec l’eau de rinçage des mains ou directement sur des sous-gants en coton. Ces derniers s’utilisent comme substitut de la peau pour capter tout ce qui « traverse » les gants en nitrile. D’ailleurs, les deux méthodes figurent dans les Lignes directrices de l’OCDE sur ce type de tests.

EPI gants, réduction de l’exposition de 95 % lors du chargement et 91,1 % pendant l’application

La publication EPI révèle qu’en moyenne, pour les mains, la réduction de l’exposition par les gants est de 95 % lors du chargement et 91,1 % pendant l’application. Précisément, pendant la pulvérisation que réalisent 234 opérateurs utilisant un automoteur, la réduction se situe dans une fourchette de 97 à 100 %. Aussi, ce haut niveau se confirme dans la quasi-totalité des scenarii. En effet, 88,4 % des valeurs recueillies dépassent 90 % de réduction de l’exposition.

Avec des pulvérisateurs à rampes ou pneumatiques, ce niveau est supérieur à 90 % dans 55 % des cas. Lors de l’application sur des cultures basses à l’aide de pulvérisateurs à dos, il est de 90 % pour 95 à 100 % des opérateurs.

À noter, le taux de résidus sur les mains des opérateurs qui lavent le matériel ressort relativement important. Malgré tout, les mains sont bien protégées à plus de 90 % en moyenne. « Les habitudes inadéquates s’observent parfois pendant le nettoyage, précise Julien Durand-Réville. Ainsi, ces informations doivent nous guider sur les points à accentuer lors des formations et des actions de prévention. »

Protections du corps, 96,4 % lors du chargement et 94,9 % pendant l’application

Les analyses sur les échantillons de combinaisons témoignent de leur rôle clé dans la protection des opérateurs. Particulièrement, ce point se vérifie lors du chargement du pulvérisateur. En effet, 96,7 % des 151 opérateurs utilisant un automoteur réduisent de plus de 90 % l’exposition de leur corps. Néanmoins, la faible part restante présente des valeurs qui peuvent être inférieures à 80 %. Les résultats sont proches avec des pulvérisateurs à rampe ou pneumatiques. En outre, ils présentent plus de 90 % de réduction de l’exposition dans plus de 85 % des situations.

Pour les pulvérisateurs à dos, la part de protection supérieure à 90 % concerne 65 % des situations. Sous serres, ce seuil de 90 % apparait pour 75 % des agriculteurs. « Conséquence, un vêtement en tissu seul ne suffit pas lors d’applications confinées ou lors de traitements sans cabine. Effectivement, c’est bien ce qu’identifie la France. Pour ces scénarii, un EPI de protection supérieure aux simples vêtements de travail couvrant est nécessaire », prévient Julien Durand-Réville.

Globalement, dans la publication EPI, les niveaux de protections du corps sont de 96,4 % lors du chargement. Pendant l’application, ils atteignent 94,9 %.