ApisRAM, intègre des scénarios de stress sur les abeilles pour mieux évaluer le risque phytosanitaire
Un rapport de l’EFSA décrit la version ApisRAM intégrant les stress biologiques et environnementaux des abeilles. À terme, ce modèle se destine aux études réglementaires dans le cadre de l’évaluation des produits phytopharmaceutiques. Explications sur les critères retenus.
Comment mieux caractériser les risques pour les abeilles liés à l’utilisation de produits phytosanitaires ?
Le projet ApisRAM suit les abeilles tout au long de leur cycle de vie en modélisant leur comportement. Aussi, l’EFSA souhaite mieux l’intégrer à compter de 2025 dans les méthodes d’évaluation des risques des substances actives phytopharmaceutiques sur les pollinisateurs. En point d’étape, le rapport publié par l’EFSA le 13 décembre décrit les scénarios de la version 3 du modèle ApisRAM. Ce dispositif évolue à l’aune de la réglementation européenne et des connaissances scientifiques.
En mai 2023, l’EFSA a publié le document d’orientation révisant le Guide d’évaluation des abeilles. Il sert de référence dans la constitution des dossiers d’homologation des produits phytopharmaceutiques. Aussi, il tient compte des dernières connaissances scientifiques et méthodes les plus récentes. Point important, parmi les tests retenus figure celui du retour à la ruche. Celui-ci intègre un taux de 10 % de pertes naturelles d’abeilles domestiques. Cette perte se mesure via ApisRAM à partir de nombreux facteurs de stress environnementaux et biologiques.
Ajustement du modèle ApisRAM selon les environnements européens
La version 3 d’ApisRAM prévoit de multiples facteurs de stress naturels pour Apis mellifera. Alors, les scénarios se composent de scénarios de référence, définissant la qualité écologique des différents environnements européens. Par ailleurs, des scénarios de cas liés aux traitements phytopharmaceutiques les complètent.
Les scénarios de références sont corrélés aux aspects paysagers. D’emblée, ils intègrent le potentiel de parasitisme causé à la ruche : présence de varroa, Nosema, etc. Quant aux cas concernant les stress liés à l’application de produits phytopharmaceutiques, ils sont décrits dans le cadre des bonnes pratiques agricoles.
Description précise de la ressource mellifère disponible
Concrètement, la qualité écologique des zones de butinage se définit dans ApisRAM à l’aide de « fenêtres paysagères ». Elles sont typiques d’un espace de 10 km2. Celles-ci varient selon des informations météo, les cultures ou leur absence, l’utilisation des terres et la structure du paysage. De plus, les fenêtres se classent selon deux dimensions. La première concerne le nombre d’espèces de plantes florales. La seconde précise la qualité de ces ressources florales. Dans ce dernier cas, les indicateurs renseignent sur la quantité de nectar, de sucre et de pollen produite par chaque plante. En effet, la santé des abeilles dépend fortement de la qualité et de la quantité de la ressource mellifère.
ApisRAM définit trois groupes d’environnement plus ou moins favorables aux abeilles
Ensuite, sur la base de ces informations concernant la qualité des paysages, trois niveaux de diversité et de qualité des ressources florales sont définis : faible, moyen, élevé. En parallèle, le référentiel d’ApisRAM intègre ces trois classements dans trois autres groupes de scénarios : le plus favorable aux abeilles, le modérément favorable et le moins favorable.
En conclusion du rapport, l’EFSA suggère d’utiliser une « matrice des risques » dans laquelle le scénario d’exposition aux produits phytopharmaceutiques correspondant sera évalué pour chacun de ces 3 groupes de scénarios.
Continuité et accélération de l’évaluation du risque pour les abeilles
« À l’issue de 10 années de débats sur les tests abeilles, ces propositions marquent une étape dans la prise en compte des effets chroniques sur les pollinisateurs, partage Ronan Vigouroux, responsable environnement Phyteis. Depuis 2013, date du premier document guide, les industriels avaient déjà intégré des tests sur abeilles, larves et bourdons. Aussi, cette version 3 d’ApisRAM constitue une forme d’accélération d’un processus d’évolution en continu des tests d’évaluation du risque. »
ApisRAM, un modèle évolutif à horizon 2027
En 2021, le comité scientifique de l’EFSA publie un avis définissant l’approche systémique de l’évaluation des risques des pesticides sur les colonies d’abeilles mellifères.
Cette méthode permet à la fois des évaluations prédictives et en post-autorisation (rétrospectives). Aussi, la première version d’ApisRAM est publiée par l’Université d’Aarhus (Duan et al., 2022). En complément, la collecte de données sur le terrain provient du groupe de travail MUST-B conduit au Danemark et au Portugal (Dupont et al., 2021).
En cours d’élaboration d’ici à 2025, la version 3 recueille d’autres sources. Dans ce cas, le but est de concevoir un outil d’évaluation des risques liés aux pesticides. Exemple : un produit unique confronté en interaction avec des agents biologiques.
Plus tard, à partir de 2027, la version 4 prévoit les risques cumulatifs des pesticides. De plus, ils sont évalués en combinaison avec d’autres facteurs de stress telles que les espèces envahissantes.