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Phyteis

Protection des cultures : comment trouver la meilleure combinaison de technologies ?

Bioprotection, agronomie digitale, biotechnologies et phytopharmacie conventionnelle : quel équilibre rechercher entre les quatre piliers de Phyteis pour produire de façon rentable ? Comment mobiliser le plus largement les agriculteurs ? Réponses avec Jean-Paul Bordes de l’Acta, Sarah Singla, agricultrice et Yves Picquet de Phyteis.

L’approche combinatoire pour protéger les cultures est déjà une réalité. Ce qui change, c’est l’accélération du mouvement ! Lors d’une table ronde, organisée le 8 février en format digital par Phyteis et destinée à ses partenaires agricoles, Jean-Paul Bordes, directeur général du réseau Acta, a confirmé l’évolution de la notion de protection intégrée que soutient l’association des entreprises de protection des cultures. Ouverte au digital, aux agroéquipements, aux biotechnologies, elle prend aussi en compte les enjeux du changement climatique en plus de celui de la lutte contre les bioagresseurs. « Désormais, on regarde tous les leviers disponibles pour une meilleure combinaison durable, précise-t-il. Car, la question est bien de savoir comment associer les technologies pour atteindre un nouvel équilibre de production rentable. »

Prenant pour exemple le dispositif expérimental Syppre, piloté par les instituts techniques, avec des itinéraires en grandes cultures à inventer pour 2030 voire 2050, il appelle à la mutualisation des compétences : « C’est la clé pour réussir, avec des collaborations qui s’étendent au niveau européen », ajoute-t-il. Elle permet aussi d’accélérer l’accès à l’innovation en musclant la boite à outils des chercheurs. « Anticiper les points de blocage et faire sauter les verrous avec de la science, c’est la stratégie que nous appliquons et pour laquelle nous avons des financements », explique Jean-Paul Bordes.

Jean-Paul Bordes, directeur général du réseau ACTA

Agroéquipements intelligents, biotechnologies, des voies prometteuses

Pour protéger les cultures durablement, l’idée n’est pas de pousser plus une technologie, mais bien de « laisser l’écosystème professionnel trouver la bonne solution et combinaison pour chaque situation », complète Yves Picquet, vice-président de Phyteis, en charge de la communication. Pour Sarah Singla, agricultrice dans l’Aveyron et formatrice en agronomie, l’approche combinatoire se mène par étape : le premier levier à actionner, c’est la semence. « Le recours aux biotechnologies est le moyen de disposer rapidement des variétés plus résistances aux stress climatiques comme aux bioagresseurs », estime-t-elle. Sur sa ferme, elle mise aussi sur le digital et la haute précision pour optimiser les traitements des cultures : « Bientôt, des drones détecteront les zones des parcelles de blé contaminées par la septoriose avant que la maladie ne s’exprime ». Un exemple d’application combinatoire prometteuse ? « Pouvoir semer des blés hybrides, résistants aux stress climatiques et aux maladies, en modulant la densité de semis en fonction des cartographies de potentiel de rendement des sols ! », répond-elle.

Quant à la phytopharmacie conventionnelle, pour Jean-Paul Bordes, elle restera indispensable en complément de ces technologies : « La protection intégrée, ne recommande pas d’arrêter la protection phytosanitaire, complète-t-il. Soyons conscients que dans les prochaines années, la pression bioagresseur ne vas pas baisser, elle va même augmenter y compris le nombre d’espèces. »

Yves Picquet, Vice-président de Phyteis

Le sol, socle commun à toutes les méthodes de protection des cultures

Face à cette recherche de nouveaux équilibres de production rentable, la complexité du métier agricole s’accentue. Sarah Singla gère son exploitation en agriculture de conservation. Elle confirme la nécessaire vision décloisonnée de la conduite des cultures. Le socle commun à toutes les disciplines mobilisées dans cette quête de performance, c’est l’agronomie, et plus précisément, le sol. « Un sol riche en matière organique crée plus de valeur, explique-t-elle. Yves Picquet, confirme : « Le sol sain est au centre de toutes nos réflexions, pour ensuite appliquer nos systèmes combinatoires ». L’agronomie est aussi le moyen d’embarquer le plus d’agriculteurs. Des cercles vertueux se déploient alors grâce au digital. « Nous faisons une quarantaine d’expérimentations dans une carrière d’agriculteur, souligne-t-elle. Avec les cartographies de rendements, nous pouvons gagner du temps, être plus précis dans nos raisonnements et traitements des cultures ».

Et pour répondre au défi du temps, toutes les technologies qui permettent d’aller plus vite doivent être accessibles. Exemple, les tracteurs autonomes libéreraient du temps aux agriculteurs pour se centrer sur leur mission d’agronomes. L’assouplissement réglementaire sur les conditions d’utilisation de ces machines est attendu.

Sarah Singla, agricultrice dans l’Aveyron et formatrice en agronomie