Le pulvérisateur, indispensable à la mise en œuvre du plan Écophyto
Dès la reprise de la végétation, le pulvérisateur sort de son hangar pour un premier passage dans les champs. Le déploiement de ses rampes suscite des interrogations ou inquiète les riverains. Quels sont les produits épandus ? À quelle fréquence ? Quel impact environnemental ? Pourtant ce n’est pas le nombre de passages qui compte mais la qualité de la pulvérisation. Grâce aux buses anti-dérives, aux capteurs, au GPS, à l’intelligence artificielle, les pulvérisateurs sont la réponse au plan Écophyto pour appliquer moins de produits de traitements, conventionnels ou de biocontrôle, avec plus de précision et en aucun cas des engins à fustiger.
Le pulvérisateur utilisé en conventionnel comme en biocontrôle
Hormis les macro-organismes de biocontrôle comme les larves de trichogrammes ou de coccinelles et les diffuseurs de phéromones accrochés dans les vignes et les vergers pour perturber la reproduction des papillons, tous les produits phytosanitaires nécessitent d’être appliqués par pulvérisation et plus rarement par poudrage. Ceux de biocontrôle et autorisés en bio comme le soufre et le cuivre n’échappent pas à la règle. « Penser que l’on doit se passer des pulvérisateurs pour écarter les produits phytosanitaires conventionnels des moyens de protection est un non-sens, souligne Ronan Vigouroux, responsable environnement à l’UIPP. De plus, un passage très fréquent ne signifie pas que l’agriculteur emploie trop de produits. D’ailleurs, le nombre d’interventions peut être bien plus important en agriculture biologique si les produits ont une moindre efficacité ou une durée de protection moins longue. »
Par exemple, un viticulteur en bio peut être amené à passer toutes les semaines pour épandre des préparations comme le purin d’orties, de sauge, du petit lait, dont le rôle est de perturber l’environnement des prédateurs. Dans le cadre de la lutte contre le mildiou, pour ne pas dépasser le seuil réglementaire de 4 kg/ha/an de cuivre, ce même viticulteur doit fractionner les apports de bouillie bordelaise de mai à juin. La qualité de la pulvérisation doit être soignée car aucune goutte de ce produit destiné aux feuilles et aux fleurs ne doit être perdue.
La pulvérisation de qualité, la réponse à Écophyto
Ainsi, la réduction de l’impact des pratiques de protection des plantes sur l’environnement ne se mesure pas au nombre de sorties du matériel mais bien dans l’amélioration de la qualité de la pulvérisation. « Le pulvérisateur a été le grand oublié du plan Écophyto à ses débuts, rappelle Ronan Vigouroux. Toutefois, l’enveloppe de 30 M€ proposée par le gouvernement en janvier 2021 pour accompagner le renouvellement du parc montre une prise de conscience du rôle que doivent jouer ces équipements pour atteindre les objectifs de réduction d’utilisation et d’impact. »
Car la précision des matériels et la qualité du travail se sont considérablement améliorées ces dernières années. L’objectif est d’appliquer le produit uniquement sur la cible. La modulation de dose intraparcellaire grâce à la télédétection est un moyen d’ajuster les quantités de fongicides en fonction de la biomasse. Les buses anti-dérives évitent les pertes dans l’air et hors zone cultivée. En vigne, les appareils à jets portés avec la pulvérisation verticale face par face de la haie fruitière existent depuis 20 ans et permettent une pulvérisation ciblée. Equipés de panneaux récupérateurs entourant la végétation, ils minimisent en plus les pertes au sol et dans l’atmosphère. « Ces machines viticoles sont plus sophistiquées, plus lentes, mais bien plus performantes face au besoin de concilier protection des cultures et respect de l’environnement, ajoute Ronan Vigouroux. Elles doivent se généraliser pour pouvoir continuer à traiter dans les meilleures conditions. » D’où la volonté de distinguer en vigne les pulvérisateurs optimisant l’application des produits.
Également, la marque Performance Pulvé, attribuée par l’Institut technique de la vigne et du vin, remplace depuis 2021 le label Écopulvé. Elle distingue sept classes de performance environnementale ainsi que des notations détaillées sur le potentiel de réduction des produits phytosanitaires. Un pulvérisateur neuf, classé Performance Pulvé de 1 à 4, est éligible aux subventions du plan de relance de l’Etat.
L’intelligence artificielle et la robotique caractérisent déjà la prochaine génération de pulvérisateurs. Avec des caméras positionnées près des buses pour reconnaitre les adventices à détruire, l’herbicide sera appliqué uniquement sur la cible. Cette voie prometteuse permettrait une baisse jusqu’à 90 % de la quantité de produit appliquée à l’hectare.
Le pulvérisateur à quoi ça sert ?
Avec le tracteur, le pulvérisateur est un matériel indispensable à une exploitation agricole. Il sert à épandre des produits destinés à nourrir ou à protéger la culture. Dans sa cuve, le « pulvé » peut contenir des engrais liquides, des oligo-éléments, des biostimulants, des préparations naturelles et des produits de protection des cultures, c’est-à-dire les insecticides, les fongicides ou les herbicides. Qu’il soit porté par le tracteur, semi-porté ou tracté, automoteur, la configuration et la dimension de chaque matériel sont adaptées aux cultures et aux surfaces afin d’optimiser l’épandage.
Inventé à la fin du 19° siècle pour pulvériser du soufre en poudre sur les cultures, il applique désormais une bouillie, constituée de produits sous forme de poudre ou de microgranulés dispersibles ou de solutions concentrées émulsionnables, tous dilués dans un volume d’eau, avec ou sans adjuvants.
Contrôle technique du pulvérisateur obligatoire tous les 3 ans
Le contrôle des pulvérisateurs est obligatoire en France depuis le 1er janvier 2009. Du fonctionnement des buses au système de pulvérisation, de rinçage et aux éclairages, tout est passé au crible !
Depuis le 1er janvier 2021, la validité de contrôle est de 3 ans au lieu de 5 ans (décret n°2018-721 du 3 août 2018).
Concernant le matériel neuf, le premier contrôle à réaliser ne change pas. Il est à programmer au bout de 5 ans après la mise en service.
Cet examen concerne :
- tous les appareils à rampe, quelle que soit leur largeur, les matériels appareils fixes ou semi-mobiles (matériels équipés d’une lance, installations de traitement sous serre…),
- les pulvérisateurs à distribution verticale (arboriculture, viticulture),
- les matériels combinés possédant un outil d’épandage de produits phytosanitaires (planteuses, désherbineuses, matériels de traitement de semences…).