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Renouvellement du Captane jusqu’en 2039

La filière pommes et poires conserve son filet de sécurité grâce au renouvellement de l’autorisation du captane jusqu’en 2039 ! Pilier des programmes fongicides contre la tavelure, le captane joue un rôle de bouclier face au risque de résistance de ce champignon.

Fongicide de contact, au mode d’action multisite (1), le captane fait partie des substances actives dites « pivots » des stratégies de protection des cultures. La molécule agit contre certaines maladies des arbres fruitiers à pépins et à noyaux. Elle s’emploie aussi en cultures maraichères (tomates, aubergines…).

Le captane, clé de la durabilité des programmes fongicides contre la tavelure

Premier usage du captane en verger ? Gérer la tavelure qui abîme les pommes et les poires tout en préservant l’efficacité des fongicides unisites. « Pour éviter les résistances, on n’utilise les fongicides systémiques unisites qu’avec des substances de contact multisites comme le captane, le dithianon et le cuivre, explique Xavier Le Clanche, responsable technique de l’Association nationale pommes poires (ANPP). Ne pas renouveler l’une de ces molécules contraindrait les arboriculteurs à accroître la pression d’utilisation sur celles restantes. »

Par conséquent, le renouvellement du captane est un soulagement pour les producteurs. Acté le 11 juillet 2024 par la Commission européenne, il se prolonge jusqu’au 31 octobre 2039.  « Nous saluons l’écoute des pouvoirs publics, partage Pierre Venteau, directeur de l’Association nationale pommes poires (ANPP). Ils prennent la juste mesure des enjeux de durabilité de la production européenne de pommes. Ainsi, avec cette décision, l’Europe et la France reconnaissent le rôle essentiel de cette substance active dans l’approche combinatoire de la protection des vergers. »

Usage du captane au champ sous conditions

Initialement, la Commission européenne souhaitait réserver l’usage du captane aux cultures sous serre. Elle maintient donc l’application en milieu ouvert. Cependant, elle l’assortit d’une mesure de restriction et d’un objectif de réduction de l’impact environnemental.

  • En vergers, les applications sont interdites pendant la floraison des arbres et des adventices sur les rangs.

Néanmoins, la lutte contre la tavelure fait partie des seules exemptions possibles aux contraintes horaires qu’impose l’arrêté abeilles. Cette dérogation est nécessaire compte tenu de la vitesse de développement du champignon.

  • Les équipements de pulvérisation doivent réduire les doses d’au moins 66 % et les pertes au sol de 20 % par rapport à un matériel classique.

Pour atteindre ces objectifs environnementaux, chaque État membre précise les conditions d’emplois des produits formulés avec du captane et les matériels nécessaires.

Reconsidérer le risque environnemental du captane grâce au matériel de pulvérisation

Le renouvellement de l’autorisation du captane au champ repose notamment sur l’emploi de pulvérisateurs performants pour réduire les impacts. En France, le bulletin officiel du ministère de l’Agriculture recense ces matériels, buses comprises. Pour être éligibles, ils doivent réduire la dérive d’au moins 66 % et sans perte d’efficacité. Des mesures réglementaires très strictes d’application ajoutent un gradient de sécurité. Exemple : les zones de non traitement, les distances sécurité riverains. Des adjuvants limitent aussi la dérive de la bouillie.

«Tous ces dispositifs, nous les combinons déjà, complète Pierre Venteau. D’ailleurs, une enquête de septembre 2024 à l’initiative de l’ANPP confirme cette tendance. Elle révèle que plus de 60 % du matériel de pulvérisation de nos adhérents figurent sur la liste du ministère de l’Agriculture. » Les adhérents de l’ANPP représentent 70 % des surfaces de vergers de pommiers français.

Pour Ronan Vigouroux, responsable agriculture durable et environnement chez Phyteis, « les mesures de gestion du risque environnemental avec l’optimisation des méthodes d’application rendent la protection phytopharmaceutique plus durable. Ainsi, nous conservons le captane sans trop diminuer son efficacité ».

Malgré tout, l’homologation du captane reste fragile. « Nous sommes dans une démarche de progrès continu, ajoute l’expert de Phyteis. Elle ne dépend pas que de l’agriculteur. Améliorer la pulvérisation nécessite de poursuivre le plan d’aides à l’investissement via le guichet FranceAgrimer. »

(1) Multisite signifie que la substance active cible plusieurs processus biochimiques du champignon. Ces derniers mobilisent des enzymes intervenant dans la chaîne respiratoire, la constitution de la membrane cellulaire, la division des cellules…